Meindert Hobbema

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre néerlandais (Amsterdam 1638  – id.  1709).

Hobbema fut l'élève de Jacob Van Ruisdael à Amsterdam entre 1657 env. et 1660 (et peut-être au-delà) et se lia d'amitié avec lui. On possède peu de précisions sur sa carrière. Fils de Lubert Meyndertz, l'artiste prit très tôt le surnom de Hobbema ; en 1668, il épousa une servante, dont il eut trois enfants. L'année suivante, il est nommé juré jaugeur de vins et d'huiles d'Amsterdam. Cet emploi administratif l'accapare, jusqu'à la fin de sa vie, ce qui fait diminuer son activité picturale. Il semble qu'il ait toujours vécu à Amsterdam. Peut-être travailla-t-il dans la Gueldre ou l'Overijssel, ou dans la plaine rhénane près de Düsseldorf comme le croyait Thoré-Bürger ?

Les paysages d'Hobbema, sauf exception, ne représentent pas de site très déterminé, mais des motifs, de véritables thèmes de la nature inspirés des compositions antérieures de Ruisdael, dont, jusqu'en 1664 env., Hobbema restera tributaire. Sa plus ancienne œuvre connue est datée de 1658 et représente un Paysage de rivière (Detroit, Inst. of Arts), thème privilégié de sa jeunesse. Les Paysages de 1659 (musée de Grenoble ; Édimbourg, N. G.) reprennent la disposition par écrans de Ruisdael, dont il s'inspire dès 1660 dans des paysages de forêt : Maison dans la forêt (Londres, N. G.), Entrée du bois avec une ferme (1662, Munich, Alte Pin.). C'est avec précision qu'il définit les feuillages dans Paysage du bois de Haarlem (1663, Bruxelles, M. R. B. A.), le Bois (Ermitage) ou le Village parmi les arbres (1665, New York, Frick Coll.). Sa vue de l'Écluse de Haarlem (Londres, N. G.) est l'un des rares sites urbains qu'il ait peints, sans doute en 1662.

Dans les paysages de sa maturité, son art évolue dans un sens tout contraire à celui de Ruisdael : son réalisme minutieux, sa fidélité au motif, sa touche fluide, son coloris plus contrasté s'opposent à la vision synthétique de ce dernier. Il détaille les formes dans leurs moindres structures. Son Moulin à eau (Louvre) est un chef-d'œuvre de précision analytique, dont Fromentin soulignait combien " tout y paraît si finement gravé avant d'être peint, et si bien peint par-dessus cette âpre gravure ". Les arrière-plans des paysages d'Hobbema sont trop détaillés ; le sentiment de l'infini, les grandes échappées de perspective (qui sont le propre de Ruisdael) leur font défaut. Enfin, le lyrisme de résonance préromantique lui demeure étranger. Ce naturalisme et ce sentiment de la poésie intime de la nature s'imposent avec force et simplicité dans le Paysage ensoleillé (Rotterdam, B. V. B.), le Cottage au bord d'une rivière (Rijksmuseum), la Vue de Deventer (Mauritshuis), le Chemin forestier (Londres, N. G.). Ces paysages ainsi que les rares dessins conservés au Rijksmuseum, au musée Teyler à Haarlem et au Petit Palais à Paris semblent tous antérieurs à 1669. C'est inlassablement qu'Hobbema reprend le thème du Moulin à eau : 6 versions à peu près identiques en sont conservées au Rijksmuseum, à Bruxelles (M. R. B. A.), à Chicago (Art Inst.), à Londres (Wallace Coll.). Ce même motif revient encore dans des toiles disposées en hauteur ou en largeur, et, par excès de détails, de tels paysages semblent souvent figés. D'autre part, Hobbema tombe parfois dans le poncif à vouloir trop rechercher la perfection de la facture, ainsi que le prouve son goût des variations. Parfois, il rompt l'harmonie de ses paysages par un coup de lumière trop crue, en cherchant à retrouver le secret des échos lumineux de Ruisdael. Il rehausse son chromatisme vert, brun et bleu par le vermillon d'un toit de brique, parti qui devient chez lui systématique. Pourtant, il reste inégalable lorsqu'il restreint sa palette, lorsqu'il tend à la monochromie des effets, comme dans les Moulins (Paris, Petit Palais) ou les Chênes près de la mare (Munich, Alte Pin.), et qu'il utilise en virtuose le jeu des reflets. Ses ciels éclatants aux nuages blancs font respirer les grandes masses sombres de ses arbres. Une poésie un peu triste, caractéristique de son art, se dégage de ces paysages de verts froids et d'eau sombre.

Ses dernières œuvres, postérieures à 1669, les Ruines du château de Brederode (1671, Londres, N. G.), l'Allée de Middelharnis (1689, id.), comptent parmi les chefs-d'œuvre du paysage hollandais : leur égale perfection de facture, leur naturalisme paisible seront copiés en Angleterre par les peintres de scènes rurales.

Hobbema fut redécouvert en France au moment où l'école de Barbizon se développait. Huet, Diaz, Dupré, Théodore Rousseau virent en lui un imitateur fidèle de la nature et admirèrent la solidité de ses touches et les effets de sa lumière.