Nicholas Hilliard

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Miniaturiste anglais (Exeter v. 1547  – Londres 1619).

Apprenti en 1562 chez Robert Brandon, orfèvre de la reine, il travaillait v. 1572 comme miniaturiste sous la protection directe de la souveraine et de son favori, le comte de Leicester. De 1576 à 1579, il séjourna en France au service de François, duc d'Alençon, comme valet de chambre, mais fut amené à retourner en Angleterre et à travailler pour Élisabeth Ire et son successeur Jacques Ier. De nature prodigue, il eut une vieillesse assombrie par les dettes et par le déclin du succès.

De sa première miniature de la reine (1572, Londres, N. P. G.) jusqu'à sa mort, son style, dont la popularité atteignit son apogée entre 1570 et 1590 env., n'offrit aucun changement. Brillamment coloré, jouant sur deux dimensions, il est linéaire et dérive, en dernier lieu, des miniatures tardives de Holbein, où se mêle la tendre intimité des portraits dessinés aux crayons par Clouet. Hilliard, dans son Treatise on Art of Limning (Traité sur l'art de la miniature), décrit les vues fondamentales de la reine auxquelles il conforma son talent. Elle avait décidé que les ombres ne seraient employées que par les artistes dont l'œuvre montrait un " trait plus appuyé ", et logiquement elle " choisit, pour cette raison, de poser dans l'allée découverte d'un beau jardin, où il n'y avait pas d'arbre, ni aucune ombre ".

Parmi les plus importantes miniatures de Hilliard, citons, outre son Autoportrait (1577), les portraits de sa femme Alice (1578, Londres, V. A. M.), de Sir Walter Raleigh (v. 1585, Londres, N. P. G.), du Jeune homme adossé parmi les roses (v. 1590, Londres, V. A. M.), du Troisième Comte de Cumberland (v. 1590, Greenwich, Maritime Museum), de la Reine Élisabeth Ire (v. 1600, Londres, V. A. M.), de Charles Ier, alors prince de Galles (1614, Belvoir Castle, coll. duc de Rutland). Hilliard peignit aussi des portraits de grandes dimensions, dont deux d'Élisabeth Ire peuvent lui être attribués avec quelque certitude (v. 1570-1575, Liverpool, Walker Art Gal., et Londres, N. P. G., dépôt à la Tate Gal.). Dans sa vieillesse, il écrivit le traité fragmentaire cité sur l'art de la miniature (resté manuscrit), où il proposait des attitudes esthétiques empruntées au Trattato della pittura de Paolo Lomazzo (1584), dans la traduction partielle de Richard Haydocke (1598). Les minuscules miniatures de Hilliard constituent la quintessence de l'art pictural à l'âge élisabéthain ; elles influencèrent une génération entière d'artistes, dont son élève, Isaac Oliver, qui supplanta même son maître, vers 1604, dans la faveur du public à la mode.