Henri Le Fauconnier

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Hesdin, Pas-de-Calais, 1881  – Paris 1946).

Il est en novembre 1900 à Paris, fréquente un moment l'atelier de J.-P. Laurens, puis l'académie Julian, où il rencontre Segonzac et La Fresnaye, et expose au Salon des indépendants en 1905. Il peint en Bretagne, à Ploumanach (1907-1909), des paysages fortement construits, aux harmonies sourdes (Bruxelles et Amsterdam, coll. part.). En 1908, il est proche du groupe de l'abbaye de Créteil, influencé par le Surréalisme et l'anarchisme, qui compte parmi ses membres Marinetti, Charles Vildrac et Pierre Jean Jouve, dont il peint le portrait (Salon d'automne, 1909, Paris, M. N. A. M.), qui impressionne vivement Albert Gleizes. À partir de grandes études de nus (Femme au miroir, 1909, La Haye, Gemeentemuseum), il inaugure une manière de Cubisme assez justement qualifiée de " physique " par Apollinaire et qui ne dépassera guère l'analyse fragmentaire des volumes (l'Abondance, 1910, exposée aux Indépendants de 1911, id.). En 1911, l'élaboration plus complexe du Chasseur (Indépendants, 1912, id .) révèle un net intérêt pour le Futurisme. Le Fauconnier est alors étroitement mêlé à l'avant-garde artistique et bénéficie d'une grande notoriété à Montparnasse, surtout auprès de Gleizes et de Metzinger. À partir de 1908, il expose régulièrement dans les groupes d'avant-garde en Russie : aux expositions de la Toison d'or en 1908 et 1909, à la première exposition du Valet de carreau en 1910. La même année, il participe à la deuxième exposition de la " Neue Kunstlervereinigung " à Munich, pour laquelle il rédige une introduction qui, en suggérant que le Cubisme est un pas vers un art plus spirituel, marque une avancée vers l'Expressionnisme. En 1912, il est avec Léger et Mondrian l'un des membres du Moderne Kunstkring d'Amsterdam, dont les expositions favorisent la connaissance de l'art contemporain en Hollande : il rédige une préface : " la Sensibilité moderne et le tableau ". Durant la Première Guerre mondiale, il est en étroite relation tant avec des artistes hollandais — Léo Gestel, Jean Sluyters, Piet Mondrian — qu'avec le groupe des artistes belges réfugiés : Gustav De Smet, Fritz Van der Berghe et André de Ridder. La vaste composition des Montagnards attaqués par les ours (Salon d'automne 1912), qui entraîna une interpellation à la Chambre des députés, accuse une tendance à l'expression qui ira croissant. En Hollande, pendant la guerre, l'artiste exécute en 1915 le Signal (disparu, autref. en Russie), sorte de manifeste d'un Expressionnisme de caractère social qui anticipe sur celui de l'après-guerre, mais dont la facture large et empâtée, avec de forts contrastes colorés, ne doit plus rien au Cubisme. En dépit des contacts de Le Fauconnier avec les Hollandais Toorop et Sluyters, les Belges De Smet et Van der Berghe, cette phase fut aussi courte que celle du Cubisme et évolua vers un onirisme symbolique original, révélateur, néanmoins, d'une difficulté flagrante d'adaptation à l'art et au monde actuels (le Songe du vagabond et le Rêve du fumeur, 1917, Amsterdam, Stedelijk Museum). Dès 1918, trop sensible à la leçon des intimistes hollandais, l'artiste revient en effet à une réalité de moins en moins transposée (études de nus à l'aquarelle, tableaux d'intérieurs). Installé de nouveau à Paris en 1921, Le Fauconnier ne participe plus à la vie artistique et ne s'intègre pas même au courant réaliste représenté par Segonzac, Moreau et Boussingault. Le meilleur de son œuvre, très oubliée en France, est conservé dans les musées d'Amsterdam (Stedelijk Museum), de La Haye (Gemeentemuseum). Pourtant, le musée de Brest possède deux paysages, le musée des Sables-d'Olonne le Portrait du poète Paul Castiaux (1910), le musée de Lyon une figure datant de 1908, Enfant breton, et le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg le Lac de 1911.