Robert Henri

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre américain (Cincinnati, Ohio, 1865  – New York 1929).

Il étudia de 1885 à 1887 à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, notamment avec Thomas Anshutz (1851-1912), avant de se rendre à Paris, où il fréquenta l'Académie Julian et l'E. N. B. A. Élève de Bouguereau et de Fleury, il fut rapidement insatisfait de l'enseignement académique. Au cours de ses voyages en Europe, il eut l'occasion de se familiariser avec l'œuvre de Frans Hals, de Velázquez et de Manet, qui furent ses véritables maîtres. De retour en 1891, il joua un rôle essentiel dans l'introduction des formules esthétiques européennes aux États-Unis.

Lié dès 1891 avec Glackens, Shinn et Sloan, il collabora avec eux à l'exposition des Huit en 1908, en réaction contre le traditionalisme de la National Academy, et plus tard, en 1910, participa activement à l'organisation de la première exposition des Independents à New York. Professeur renommé, il enseigna à Philadelphie (Women's School of Design), à Paris en 1894 (il fit la même année un séjour à Concarneau), puis à New York à partir de 1899, tout d'abord à la Chase School, puis à l'Art Students League, avant de fonder, en 1909, sa propre école, The Henri School. Il consigna ses théories dans un volume qui fut publié en 1923 (The Art Spirit).

Meilleur théoricien et pédagogue que peintre, Henri laissa cependant une œuvre non négligeable. Tournant le dos à la fois à l'Académisme et à l'Impressionnisme, il renoua avec une tradition réaliste dérivée de Manet. Il prit pour sujets soit des scènes quotidiennes (Snow, 1898, Paris, musée d'Orsay ; West 57th Street in 1902, New Haven, Yale University Art Gal.), soit des figures familières (Laughing Boy, 1907, New York, Whitney Museum ; The Masquerade Dress : Portrait of Mrs Robert Henri, 1911, Metropolitan Museum). En raison de ses sujets, alors considérés comme vulgaires, Henri fut compté parmi les membres de l'Ash-Can School. On trouve dans son style un brio et une ampleur de touche hérités de Frans Hals et, plus directement, à travers l'exemple de Duveneck, de l'école de Munich. Vers la fin de sa vie, Henri éclaircit sa palette, au bénéfice d'effets plus brillants, mais aussi plus superficiels (The Laundress, musée de Phoenix). Ses œuvres principales sont conservées au Metropolitan Museum, à la Corcoran Gal. de Washington, à l'Art Inst. de Chicago et au Carnegie Inst. de Pittsburgh. Une importante rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1984 au Delaware Art Museum de Wilmington.