Heinrich Aldegrever

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre, graveur et orfèvre allemand (Paderborn ? 1502  – Soest v. 1558).

Sans doute fils de Hermann Trippenmecker, dit Aldegrever, il adopta ce deuxième nom à partir de 1527, signant ses œuvres d'un monogramme AG assez voisin de celui de Dürer. Les renseignements sur sa formation ne permettent pas, cependant, de confirmer des relations avec ce maître ni même de corroborer un éventuel voyage à Nuremberg, où, selon Van Mander, Aldegrever aurait travaillé au maître-autel d'une église. Essentiellement actif à Soest, où il dut s'établir v. 1525, il peignit à ses débuts un Retable de la Vierge (1526-27) pour la Wiesenkirche, quelques portraits (Comte Philippe III de Waldeck, v. 1537, Arolsen, coll. du prince de Waldeck et Pyrmont) et des compositions bibliques (Loth et ses filles, 1555, musée de Budapest) où l'on décèle parfois l'influence d'artistes flamands comme Gossaert ou Van Orley et aussi celle de Dürer. Il se consacra par la suite presque entièrement à la gravure à l'eau-forte et au burin, domaine dans lequel il acquit rapidement une célébrité. S'élevant environ à 300 pièces, son œuvre gravé, d'une exécution nette et précise, au trait souple et aisé, révèle un tempérament inventif qui s'exprime avec autant de bonheur dans les sujets religieux (Histoire de Joseph, 1528-1532 ; Adam et Ève, v. 1530 ; Histoire de Loth, 1555), allégoriques et mythologiques (Travaux d'Hercule, 1550 ; Tarquin et Lucrèce, 1553) que dans les portraits (Melanchthon, 1530 ; Albert Van der Helle, 1538 ; Autoportrait). C'est dans les gravures d'ornements, toutefois, que son sens de la composition apparaît avec le plus d'élégance. Conçues à partir de 1535, ces riches décorations, pour des poignards, des boucles ou des ceinturons, ont contribué à faire d'Aldegrever l'un des plus importants ornemanistes allemands du xvie s. qui, avec P. Flötner, V. Solis ou W. Jamnitzer, favorisa la diffusion de nouveaux motifs décoratifs.