Lucas de Heere

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre flamand (Gand 1534  – id. 1584).

Il fut également poète, archéologue, humaniste et érudit. Élève de Frans Floris à Anvers, il devint v. 1565 le maître de Karel Van Mander. Il fut le premier à rédiger une histoire de la peinture flamande. Le manuscrit n'a jamais été retrouvé, mais il n'est pas exclu que Van Mander s'en soit servi pour son fameux Livre des peintres. Lucas de Heere, dont le mérite a été plus grand comme érudit que comme peintre, était membre actif d'une des chambres de rhétorique de la ville de Gand. Il alla en 1559-60 à Fontainebleau, mais, en 1566, ses activités politiques lui créèrent des ennuis et il s'enfuit à Londres : en 1576, il était de retour à Gand. Son appartenance au maniérisme issu de Frans Floris, mais parfois teinté de vénétianisme, est confirmée par le sommeil des Muses en temps de guerre (Turin, Galleria Sabauda). Lucas de Heere a joui d'un grande réputation, pourtant mal étayée par le peu d'œuvres que l'on puisse lui attribuer avec assurance : il est surtout un peintre académique travaillant dans le style des maniéristes et dont l'importance semble avoir été exagérée. La cause de cette surestimation peut être trouvée dans l'ouvrage de Van Mander, qui, par amitié pour son maître, lui a consacré un long panégyrique. Van Mander, d'ailleurs, n'est pas très explicite en ce qui concerne sa production. Par la suite, les érudits se sont toujours intéressés aux idées et aux écrits de Lucas de Heere, et ils lui ont attribué nombre d'œuvres qui lui sont tout à fait étrangères. Sa seule œuvre authentique conservée est le grand tableau avec Salomon recevant la reine de Saba de la cathédrale Saint-Bavon à Gand, signé et daté " Lucas Derus inv. fecit 1559 ". Dans la salle du chapitre de la même cathédrale se trouve une Vue de l'abbaye Saint-Bavon, qui, d'après la tradition, serait de la main de Lucas de Heere. Il s'agit d'une représentation d'un site vu à vol d'oiseau et de peu d'intérêt artistique. Deux des manuscrits de Lucas de Heere ont été conservés. Le premier est une description des îles Britanniques illustrée de dessins. Le second, le Théâtre de tous les peuples et nations de la Terre, est également illustré par l'artiste. Aucune trace ne subsiste d'un triptyque exécuté pour la cathédrale Saint-Bavon à Gand et mentionné par Van Mander.