Willem Claesz. Heda

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre hollandais (Haarlem 1594  – id. v. 1680).

Élève de N. Gillis et, sans doute, de Floris Van Dyck, Heda fut inscrit à la gilde de Saint-Luc de Haarlem en 1631, c'est à peu près tout ce que nous savons de son existence. Il peignit quelques portraits et tableaux religieux, mais il est surtout connu pour ses natures mortes, qui consistent presque exclusivement en d'austères collations, apprêts de repas ou repas interrompus, ordonnés selon une typologie très étudiée.

Dès 1621, une Vanitas (La Haye, musée Bredius), par la sobriété de sa composition et la gradation savante des valeurs, annonce le style des années 1630. L'art de Heda, d'une rare distinction, est fondé sur l'harmonie des gris (argenterie) et des blancs (nappes, verres), relevée par une touche plus colorée, le jaune d'un citron à demi pelé, par exemple, dont l'écorce déroulée en spirale introduit un élément de dynamisme en même temps qu'une allusion symbolique à la fuite du temps. C'est ainsi que Heda, par sa prédilection pour les tons blonds et argentés, se rattache au courant " monochromiste " des années 1620-1640, qui touche aussi le paysage avec Van Goyen et Salomon Van Ruysdael, la peinture de genre avec Codde, Duyster ou Palamedesz, la nature morte avec un autre grand Harlémois, Pieter Claesz. Ses œuvres sont réparties dans presque tous les principaux musées : Natures mortes (1629, Mauritshuis ; 1631, Dresde [Gg] et Berlin ; 1634, Rotterdam [B. V. B.] et Munich [Alte Pin.] ; 1637, Louvre et Anvers [musée Mayer Van den Bergh] ; 1638, Hambourg [Kunsthalle] et Besançon ; 1642, Rijksmuseum ; 1656, musée de Budapest).

Face à l'opulence d'un J. D. de Heem ou au style chaud d'un Kalf, Heda, et plus généralement l'école haarlémoise, conçoit la nature morte comme une variation sur des tons très voisins, alliée à une composition de la plus grande rigueur géométrique. Son style ne resta pourtant pas toujours immuable. Si, à ses tout débuts, il peignit dans une manière large, héritée de Franz Hals, il atteignit, à partir de 1630 environ, cette quasi-monochromie qui a fait son succès et, vers 1640, il évolua vers des compositions plus chargées, qui tentent d'unifier le style de Haarlem avec celui de Kalf ; enfin, à la fin de sa vie, il abondonna ses habituels formats horizontaux pour des œuvres verticales. Des peintres comme J. J. den Uyl, Jan Olis, Frans Ykens, Willem Van Oderkerken, Jan Treck et le fils de Heda lui-même, Gerrit (Haarlem [ ?] 1620 - id. v. 1702) , inscrit en 1642 à la gilde de Saint-Luc de Haarlem comme élève de son père, ont subi son influence (Natures mortes de Gerrit à la N. G. de Londres, au Rijksmuseum, au B. V. B. de Rotterdam), et leurs œuvres sont parfois confondues avec les siennes.