Albert Conrad Kiehtreiberr, dit Albert Paris von Gütersloh

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et écrivain autrichien (Vienne  1887  – id. 1973).

Il se révéla au public en 1909 par des dessins qui furent présentés dans le cadre de l'Internationale Kunstschau, dont le promoteur était Klimt, et participa aux côtés de Schiele, Faistauer et Wiegele à la première exposition du Neukunstgruppe, organisée au mois de décembre de la même année. En 1910, il collabore au journal Die Aktion. En 1911-12, il passe son temps entre Berlin, Vienne et Paris, où il est l'élève de Maurice Denis, alors qu'il avait été jusqu'à présent autodidacte. De 1929 à 1938, il enseigna à l'École des arts décoratifs de Vienne et s'efforça de faire revivre l'art de la tapisserie. Professeur à l'Académie des beaux-arts de sa ville natale de 1945 à 1962, il eut pour élèves Brauer, Fuchs, Hutter, Hrdlicka et Lehmden. Artiste d'avant-garde av. 1914, il milita après la Seconde Guerre mondiale en faveur de l'art moderne, qu'il aspirait à faire triompher dans son pays, non seulement par ses publications, mais aussi par la fondation de l'Art-Club autrichien, qu'il présida. Il écrivit en 1909 le roman Die tanzende Törin (paru en 1911), considéré comme la première œuvre épique expressionniste. Jusqu'en 1912, son graphisme demeure expressionniste, évoquant quelque peu celui de Kokoschka ; ses aquarelles se distinguent par des contours flous. Le Prestidigitateur (v. 1912, Albertina) fait songer à Chagall. C'est en 1913 que Gütersloh trouve son propre style, inspiré du Cubisme analytique et de la Nouvelle Objectivité. Les contours s'accentuent et ses natures mortes, ses paysages et ses portraits revêtent dans leur netteté un aspect prismatique. La surface, où le détail joue un grand rôle, devient décorative : Torbole (1926, Vienne, Österr. Gal.). Quant au portrait de la Fille de l'artiste (1934, id.), c'est dans la clarté et la simplicité de sa conception qu'il puise sa grandeur. Le style, ironique, dense et narratif, des innombrables miniatures qu'a laissées Gütersloh jusqu'à une date récente se révèle déjà dans le Soir dans le parc (1925, Vienne, Historisches Museum). Le pathétique se fait jour en revanche non seulement dans certains cartons de tapisserie, mais aussi dans le cycle de dessins Caïn et Abel.