Francis Gruber

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Nancy 1912 Paris 1948).

Il connut une enfance maladive et rêveuse et, très jeune, se prit de passion pour ces maîtres de l'imaginaire que sont Bosch, Grünewald, Dürer et Callot. Des années 1929-1932 datent ses kermesses dynamiques aux couleurs violentes (Décor pour le bal de l'Académie scandinave, 1932). De 1935 à 1942, il peint plusieurs tableaux allégoriques : Hommage au Travail (1936), l'Arrivée des Antiques à Fontainebleau (1935, M. A. M. de la Ville de Paris), Hommage à Callot (1942), le Poète ou Hommage à Rimbaud (1942). En 1937, un séjour sur l'île de Ré l'a ouvert à une nature pathétique, aux grands horizons balayés. Cette découverte donne lieu à la série des Orages, à laquelle font suite des paysages interprétés par une imagination mélancolique : au premier plan de ces œuvres se dresse parfois un être solitaire (Mélancolie, 1941). Mais, à partir de 1940, c'est son atelier qui devient la scène dénudée des plus émouvantes de ses peintures, qui sont à rapprocher de celles que peint dans un même lieu clos Giacometti, dont il est l'ami depuis 1938 (Nu au gilet rouge, 1944, M. A. M. de la Ville ; Femme sur un canapé, 1945, M. N. A. M.). En 1944, le Job (Londres, Tate Gallery), qu'il expose au Salon d'automne, est ressenti comme une parfaite illustration de la période de désespoir qui, à peine, s'achevait. En 1948, devenu gravement malade, il rassemble ses thèmes familiers (nus adolescents, paysages, atelier) dans des tableaux qu'éclaire un jour pâle, au dessin aigu (Nu sur fond rouge, 1948, Lisbonne, fond. Gulbenkian), dont un courant dit " misérabiliste " s'inspirera sans en égaler toujours la poésie.