Giambattista Pittoni

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Venise 1687  – id.  1767).

Il fut l'un des représentants les plus remarquables du Rococo vénitien. Son langage, qui se répandit également en Allemagne, en Autriche et jusqu'en Pologne (l'église Sainte-Marie de Cracovie conserve trois importants tableaux d'autel de sa main), résultait d'un mélange particulier de clarté et de légèreté dans la touche ainsi que d'une certaine plasticité formelle unie à une utilisation dramatique des jeux de couleurs. Pittoni fut sans doute élève de Balestra, actif alors à Venise, dont il tira son goût pour une plastique vigoureuse (Mort d'Agrippine, Mort de Sénèque, Dresde, Gg) ; à cela s'ajoutent, en un premier temps, les suggestions du clair-obscur de Bencovich et de Piazzetta, comme le montre le Martyre de saint Thomas de S. Stae à Venise, fondé sur de violents contrastes de couleurs. Des années 1723-24 doit dater le délicieux tableau d'autel de la Vierge avec des saints de S. Corona à Vicence, tout en formes nerveuses et mouvementées, révélant désormais clairement l'adhésion de Pittoni au style de Sebastiano Ricci, dans une extraordinaire vivacité de tonalités rouges, azur et roses. Une autre pala avec la Vierge et des saints à l'église S. Germano dei Berici témoigne des mêmes recherches. À partir du début de la quatrième décennie, le coloris se fait toujours plus clair, les compositions deviennent plus gracieuses et plus enveloppées : c'est pour l'artiste le moment le plus élégant et le plus rococo, celui de la Diane et Actéon du musée de Vicence, d'une harmonie claire, pleine du charme de ses figures flexibles. Dans ses dernières années, Pittoni semble avoir éprouvé la crise académisante que traversait la culture picturale vénitienne à partir du milieu du xviiie s. ; ses œuvres tardives trahissent une relative froideur et une cristallisation des formes (Annonciation, Venise, Accademia).

Son œuvre, assez abondant, comprend des tableaux de chevalet, compositions religieuses, bibliques (Sacrifice de Jephté, Gênes, Palais royal) ou mythologiques, souvent traitées en plusieurs exemplaires ou précédées d'esquisses d'une extrême nervosité picturale (Continence de Scipion et Sacrifice de Polyxène, Louvre ; Charité de sainte Élisabeth, musée de Budapest ; le Christ et saint Pierre, Oxford, Ashmolean Museum), des tableaux d'autel (églises de Vicence, de Padoue, de Bergame, de Brescia et de Venise), des plafonds décoratifs (Jupiter protège la Justice, la Paix et la Science, Venise, G. A. M., Ca' Pesaro) et quelques portraits (Cardinal B. Roverella, Rovigo, Accad. dei Concordi). À Venise, la coll. Cini, l'Accademia et le musée Correr conservent des séries de dessins de l'artiste.