Giacomo Ceruti

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Plaisance 1691  – Brescia apr. 1760).

Réhabilité récemment par la critique, il est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands peintres italiens du xviiie s. La majeure partie de son œuvre, et la plus connue, est composée de peintures de genre et de portraits d'un réalisme dépouillé et d'une grande intensité psychologique (Portrait du comte G. M. Fenaroli, Corneto, Lombardie, coll. du comte Fenaroli ; Portrait d'un jeune homme fumant, Rome, G. N. Gal Corsini ; la Jeune Fille à l'éventail, Bergame, Accad. Carrara ; Portrait d'une religieuse, Milan, musée Poldi-Pezzoli ; Portrait d'homme, musée de Seattle) ; les peintures de genre sont le plus souvent représentées avec des personnages grandeur nature (différence essentielle par rapport aux Bamboccianti du xviie s.) : scènes de la vie populaire (Brescia, pin. Tosio-Martinengo ; Padernello, Lombardie, coll. des comtes Salvadego-Molin), mendiants (" pitocchi ", d'où le surnom du peintre), représentés seuls (Bergame, coll. Bassi-Rathgeb ; Brescia, coll. Nobili-Seccamani ; Padernello, coll. des comtes Salvadego-Molin) ou en groupe (Brescia, pin. Tosio-Martinengo ; Padernello, coll. des comtes Salvadego-Molin). Ces peintures étaient souvent réunies en séries ; l'une d'entre elles, intacte et admirable, est conservée dans cette collection de Padernello. On lui doit aussi des Natures mortes (Milan, Brera). À la différence de tant de " peintres de genre ", Ceruti exclut toute tentation de souligner l'anecdotique ou le pittoresque, toute tendance à marquer une supériorité de classe par rapport à la réalité populaire qu'il représente. Son observation de la vie des pauvres gens est toujours d'une totale gravité, l'exécution picturale d'un réalisme rude et insistant, mais jamais vulgaire ni pesant. Une telle attitude à l'époque où dominait le Rococo ne pouvait guère flatter le goût dominant et explique en partie le silence qui entoura sa carrière et la rareté des renseignements dont on dispose à son sujet. Citons, cependant, celles de ses œuvres auxquelles se réfère un document ou une date. Le Portrait du comte Giovanni Maria Fenaroli (1724, Corneto, Lombardie, coll. Fenaroli), semble être la plus ancienne. Le talent de l'artiste s'était certainement affirmé à Brescia lorsqu'en 1729 le podestat Andrea Memmo lui commanda 15 " portraits symboliques " pour le Broletto, ancien palais communal dont seul subsiste sans doute un Portrait équestre de commandant (Florence, Fondation Acton). En 1734, Ceruti signe un contrat pour les tableaux d'autel de Gandino (Nativité et Mort de la Vierge). Il est possible que ces tableaux, d'une qualité médiocre et sans rapports stylistiques avec ses " peintures de genre ", aient été l'œuvre d'un autre peintre à qui il aurait pu confier la commande.

La même année, il peint la Madone au rosaire pour l'église d'Artogne, près de Brescia. Après l'exécution du Mendiant (1737, coll. R. Bassi-Rathgeb), il signe un contrat pour les deux " pale " de l'église S. Antonio à Padoue (1738). En 1739, il figure dans la liste des habitants de cette ville et peint deux grands tableaux ovales avec les Portraits d'un gentilhomme et d'une dame (Brescia, coll. part.).

À Plaisance, en 1743, il exécute le Portrait d'un condottiere. Enfin, il reçoit un paiement, en 1757, de l'Ospedale Maggiore de Milan pour le Portrait du noble Attilio Lampugnani Visconti. Une exposition a été consacrée à l'artiste (Brescia) en 1987.