Gherardo Starnina

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Florence v.  1345  – mort avant 1413).

Le nom de " Maestro del Bambino vispo " (Maître à l'Enfant turbulent) fut donné par O. Siren en 1904 à un artiste qui représenta à plusieurs reprises l'enfant dans une attitude fort animée. Plusieurs historiens aujourd'hui considèrent que ce peintre, dont on a regroupé un grand nombre d'œuvres et qui fut certainement l'un des plus importants artistes florentins de son temps, n'est autre que Starnina. On doit notamment à l'artiste un grand retable aujourd'hui démembré : des fragments du panneau central (Madone aux Anges) sont conservés à la Gg de Dresde et au B. V. B. de Rotterdam ; les deux volets (Saints) sont respectivement aux musées de Berlin et de Stockholm ; les panneaux de la prédelle sont partagés entre le musée de Douai, le musée Poldi-Pezzoli de Milan et des coll. part. italiennes ; les pinacles (Annonciation et Christ) sont au Städel. Inst. de Francfort. Parmi les autres œuvres essentielles du peintre, on peut citer un retable (Madone aux anges et saints) au musée Wagner de Würzburg, auquel s'apparente la Vierge et l'ange de l'Annonciation d'Avignon (Petit Palais) ; une Dormition et Assomption (en deux parties : Philadelphie, Museum of Art, Johnson Coll., et Cambridge, Fogg Art Museum), une Madone avec des saints et des anges à l'Accademia de Florence, et un " cassone " (Bataille) au musée d'Altenburg. Ces œuvres font du Maître du Bambino vispo le représentant le plus original du Gothique international à Florence, avec Lorenzo Monaco, dont l'artiste partage le goût pour les couleurs brillantes et acidulées et un faire lisse et précis, et désignent vraisemblablement un artiste formé dans le cercle d'Agnolo Gaddi. Son tempérament irréaliste et fantaisiste, son exubérance narrative et ses caprices linéaires se tempèrent dans ses œuvres tardives (le retable Orsini et celui de Würzburg). Le style de l'artiste présente parfois une affinité assez forte avec certains aspects de la manière illustrée par l'école de Valence, au point qu'on a un moment proposé de l'identifier avec l'Espagnol Miguel Alcaniz ; ce qui s'explique parfaitement depuis que l'identification du Maître du Bambino vispo avec Starnina est généralement acceptée.

La présence de Starnina est documentée à Valence (Espagne) entre 1398 et 1401 et à Tolède en 1395. En 1409, l'artiste peint à fresque une chapelle à l'église S. Stefano à Empoli. Il reste aujourd'hui deux fragments de cette décoration au musée diocésain d'Empoli ; ils s'apparentent fort bien aux restes de celle de la chapelle S. Girolamo de l'église du Carmine à Florence, achevée en octobre 1404 et toujours mentionnée par les anciens auteurs comme étant l'œuvre de Starnina.

Cet ensemble de fragments nous montre un peintre fortement marqué par cette forme particulière du Gothique international, qui s'était élaborée à Valence sous l'influence du peintre d'origine allemande Marzal de Sax.

Tout à fait dans l'esprit des œuvres que l'on attribue au Maître du Bambino vispo, ces fragments sont en revanche fort éloignés tant des fresques de la chapelle Castellani de S. Croce à Florence (qui ont toujours été attribuées à l'artiste sur la foi des auteurs anciens, mais qui mettent en évidence les caractères de l'atelier d'Agnolo Gaddi) que de la fameuse Thébaïde des Offices, souvent attribuée à Starnina, mais dans laquelle apparaît déjà l'écho des premières innovations de la Renaissance dues à Masaccio.