George Romney

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre anglais (Dalton in Furness, Lancashire, 1734  – Kendal, Westmorland, 1802).

Fils d'un ébéniste du Lancashire, il travailla, de 1755 à 1757, avec un portraitiste itinérant, Christopher Steele (qui lui-même avait connu Carle Van Loo). Dans ses premiers portraits (le Colonel George Wilson d'Abbot Hall, Kendal, 1760, coll. part.), il conservait les maladresses et le provincialisme de son maître et d'Arthur Devis, également originaire du Lancashire. Il s'établit à Londres en 1762 et, l'année suivante, il reçut un prix de la Society of Arts pour la Mort du général Wolfe. Il visita Paris en 1764, où il rencontra Joseph Vernet, et exposa à Londres l'année suivante la Mort du roi Edmond.

Portraitiste, il atteignit la maturité de son talent avec les effigies de Sir Christopher et lady Sykes (1786) ou de William Beckford jeune (Upton House, coll. Bearsted). Habiles de facture et bien dessinés, ces portraits reflètent idéalement une société prospère où les jeunes femmes conservent imperturbablement le teint frais et où les hommes sont par nature distingués. Romney n'apportait nulle originalité dans la conception de ces tableaux, vendus moins cher que ceux de Gainsborough ou de Reynolds. En fait, il lui importait moins de rechercher la psychologie que de représenter avec brio les éléments du costume ou du paysage de fond, qui témoignent de l'importance sociale du modèle. La renommée de Romney portraitiste repose sur la série de portraits qu'il a laissés d'Emma Hart, qu'il rencontra en 1781, et qui, par la suite, devait devenir en 1791 lady Hamilton. Il la représenta dans les attitudes et les costumes les plus variés (Lady Hamilton en Circé, v. 1782, Londres, Tate Gal.), lui prêtant des allures d'actrice, comme dans Miranda (v. 1786, Philadelphie, Museum of Art), ou bien, à la mode de la bergerie, lui octroyant des occupations familières, comme dans la Fileuse (1782-1786, Kenwood, Iveagh Bequest). Toutefois, dans certains portraits (Lady Louisa Stormont, 1776), la disposition des draperies, l'allongement des lignes et la pose du modèle trahissaient chez lui d'évidentes réminiscences classiques qui révélaient sa véritable vocation, celle de peintre d'histoire.

Au cours d'un long séjour en Italie de 1773 à 1775, Romney rencontra à Rome Füssli, copia les œuvres de Raphaël et de Michel-Ange, visita Venise, Florence, Bologne, Parme et Gênes. Lors de son retour à Londres, il rapporta d'innombrables études d'après l'antique. Dans l'émulation d'un cercle littéraire londonien animé par William Hayley et contemporain des œuvres sculptées et modelées sur des dessins de Flaxman, Romney devait multiplier dans des esquisses et des croquis les innombrables variantes des thèmes néo-classiques qu'il n'eut jamais l'occasion de peindre. Sa ligne rapide, tout en courbe, à la mine de plomb ou à la plume, méconnue de son temps, lui vaut de nos jours de figurer parmi les meilleurs artistes néo-classiques anglais. Il collabora pour quelques décorations shakespeariennes à la galerie de Boydell à Pall Mall (Londres).

Tout d'abord recherchée pour ses portraits, son œuvre est bien représentée dans les grands musées londoniens (Portrait de la famille Beaumont à la N. G., nombreux portraits à la Tate Gal., à la N. P. G.), ainsi qu'à la N. G. d'Édimbourg et dans les autres musées britanniques. En Amérique, les collections anglaises des musées de Boston, de New York et de Washington et la coll. Mellon (Peter et James Romney) possèdent quelques-uns des plus beaux portraits de Romney, particulièrement bien représenté d'autre part à la Huntington Library de San Marino, en Californie. En Europe, le Louvre expose le portrait de Sir John Stanley (v. 1780) et conserve un important ensemble de dessins, mais l'œuvre graphique de Romney reste avant tout représenté à Londres (British Museum et V. A. M.) ainsi qu'au Fitzwilliam Museum de Cambridge.