Frans Snyders

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre flamand (Anvers 1579  – id.  1657).

La rencontre des artistes qui fréquentaient l'hôtellerie de son père décida peut-être de sa carrière. Il fut peut-être l'élève d'Hendrick Van Balen ; en tout cas, en 1593, il entra dans l'atelier de P. Bruegel II et se lia avec son frère Jan. Maître en 1602, il se rendit en Italie en 1608, grâce à la générosité de son ami, comme l'indique sa correspondance avec le cardinal Borromée, qui le protégea à Milan, après son séjour romain. De retour à Anvers un an plus tard, il se spécialisa dans la peinture de natures mortes, et sa réputation attira l'attention de Rubens, qui fit appel à lui entre 1611 et 1616. En 1611, il épousa Marguerite de Vos, sœur de Cornelis et de Paul (sur qui il exerça un grand ascendant à cette époque). Membre de la Société des romanistes à Anvers en 1619, il en devint le doyen en 1628. Les portraits que Van Dyck fit de lui (New York, Frick Coll.), l'appréciation de ses contemporains, les commandes qu'on lui fit, ses testaments et la richesse de ses collections attestent la notoriété et la fortune auxquelles il parvint. Son œuvre, plus de huit cents tableaux, est considérable, mais présente peu de repères chronologiques. Curieusement, Frans Snyders eut sans doute de nombreux collaborateurs, mais seulement trois élèves, dont un seul notable, Nicasius Bernaerts.

Dès sa première œuvre connue, Gibiers, fruits et légumes (1603, Bruxelles, coll. part.), il impose une traduction neuve d'un thème hérité de P. Aertsen et de J. Beuckelaer. Sans modifier le principe de la nature morte à grande échelle, il substitue aux amoncellements gigantesques une organisation à caractère décoratif. Ses contacts avec l'Italie et l'influence de Rubens lui permettent d'élargir sa conception. Ce dernier lui fournit même des modèles, comme celui de Philopoemen, général des Achéens, reconnu par une vieille femme (Louvre). Transposant dans ses natures mortes l'ampleur et la fougue de Rubens, Snyders affirme son originalité. Il ennoblit son sujet, l'anime d'un souffle baroque et en rythme les masses selon des schémas simples, scandés par quelques diagonales qu'il appuie sur des horizontales. Il élargit l'espace et l'emplit en tous sens. À la tendance descriptive, il oppose, sans rien perdre en clarté ni en évidence monumentale, une vision dynamique (Nature morte à la dame au perroquet, Dresde, Gg ; Nature morte au chat, musées de Berlin), à laquelle contribue le coloris. En effet, au contact de Rubens, il avive sa palette et, s'il garde de son séjour italien le goût des tons saturés, il n'oublie pas l'équilibre de la composition, qu'il organise généralement autour de la tache claire centrale d'un cygne déployé (le Cygne mort, 1614, Cologne, musée Wallraf Richartz), parfois d'un linge ou de chairs livides, alors que de larges plans vermillon, caractéristiques, soulignent les horizontales : tapis de fond, homards ou quartiers de viande. Il modèle chaque volume par teintes juxtaposées plutôt qu'en un ton fondu unique. Frans Snyders a peint également des scènes de chasse (Bruxelles, M. R. B. A. ; musée de Gand ; Brera ; Dresde, Gg), des natures mortes de fleurs et de fruits (musées de Turin ; Stockholm, Nm ; Bruxelles, M. R. B. A.), des études d'animaux (le Concert des oiseaux, Ermitage ; Trois Chiens de chasse, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum).

Novateur dans ses conceptions, il l'est peu dans sa facture, régulière, soignée, précise, comme le prouvent les multiples dessins très élaborés et transposés sans changements dans ses peintures. Malgré les nombreuses copies de ses œuvres, il eut peu d'imitateurs directs. Son lyrisme, cependant, influença non seulement ses contemporains, Paul de Vos, Arthur Claessens, Adriaen Van Utrecht, Jan Fyt, mais aussi des peintres français du xviiie s. (Oudry et Desportes) ou génois (Castiglione). Snyders est particulièrement bien représenté au Prado et à l'Ermitage (notamment 4 tableaux peints pour l'évêque de Gand : Légumes, Fruits, Gibier, Poissons).