Francesco Maffei
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre italien (Vicence v. 1605 Padoue 1660).
Sa première œuvre datée, Saint Nicolas et l'ange (1626, Vicence, église S. Nicola), témoigne de sa formation initiale, survenue dans le climat de Maniérisme tardif de sa ville natale. Sa sensibilité le conduit ensuite à reproposer, dans la nouvelle compréhension du xviie s., les visions de Jacopo Bassano et de Tintoret ainsi que celle de Véronèse, dont le coloris, d'une clarté lumineuse, le frappe. Mais le changement et la révélation d'une nouvelle manière ne survinrent que grâce au contact direct à Venise avec les peintres du courant " rénové ", Fetti, Liss et Strozzi, que Maffei connut au cours d'un bref séjour (vers 1638). Ayant totalement adhéré au style baroque, Maffei produisit quelques œuvres de circonstance, comme les cinq grandes Allégories célébrant les podestats de la ville et l'Inquisiteur Alvise Foscarini, exécutés à Vicence entre 1644 et 1656 (musée de Vicence). À l'opposé des œuvres classicisantes de Carpioni, ces Allégories (et celles de la Rotonde de Rovigo) sont composées dans une couleur lumineuse et délicate qui auréole les figures vibrant dans une atmosphère mouvante, avec une tendance au " bizarre " et au grotesque, qui se révèle en particulier dans l'expression forcée des visages des autorités citadines. Une grandiose fougue baroque anime les toiles (Visitation, Repos pendant la fuite en Égypte, Assomption) de l'oratoire des Zitelle de Vicence (auj. au musée de la ville), celles de l'oratoire de S. Nicola à Vicence (1655-1657) ou les plafonds, datables de 1657, de la Ca'Rezzonico à Venise, où les figurations mythologiques se chargent des plus grandes hardiesses expressives dans une couleur qui s'embrase de lueurs imprévues. Après des séjours à Vicence, à Brescia (Miracle de saint Antoine, Brescia, S. Francesco) et à Rovigo, de 1657 à sa mort, Maffei est à Padoue, où il travaille aux plafonds de l'église de S. Tommaso ; ici, sa vision prend une signification plus monumentale et, en même temps, plus dramatique dans le choix des teintes sombres à forts contrastes, comme dans la Crucifixion, où les figures se dissolvent en plans très doux sur un fond tragiquement noir. Au contraire, Maffei se souvient de Véronèse dans la robe rose de la femme située au premier plan du Moïse faisant jaillir les eaux (Padoue, S. Giustina).