Eugène Pineu Duval, dit Amaury-Duval

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Montrouge 1808  – Paris 1885).

Issu d'un milieu cultivé et artistique — son père, membre de l'Institut, est l'animateur de la Décade philosophique et du Mercure —, apparenté à Chassériau et Regnault, Amaury-Duval entre en 1825 dans l'atelier d'Ingres. En 1829, il fait partie de la commission d'artistes et de savants désignés par Charles X pour une expédition en Grèce. Il y découvre la statuaire grecque d'Olympie et la peinture byzantine. En 1835-1838, un séjour en Italie, à Florence puis à Rome, où Ingres dirige la Villa Médicis, lui permet d'étudier les primitifs, Giotto, Cimabue et, plus particulièrement, Fra Angelico, à travers les fresques de la chapelle Niccolina du Vatican. Il visite également la Villa Massimo décorée par les nazaréens, et montre un vif intérêt pour les peintures d'Overbeck. Son admiration pour les primitifs, qui transparaît dans sa manière stylisée, le place généralement parmi les disciples d'Ingres, aux côtés de ceux qu'on a pu qualifier de " préraphaélites français " (A. Roger, Papety, Ziegler) et qui réalisent de grands décors religieux. Ainsi, il orne la chapelle Sainte-Philomène de l'église Saint-Merri à Paris (1840-1844), la chapelle de la Vierge de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris — dont le Couronnement de la Vierge s'inspire de celui de Fra Angelico du Louvre —, la chapelle de l'asile Mathilde à Neuilly (1860-1864, œuvre détruite en 1970). Il peint de grandes compositions murales, à la fin de sa vie, pour le château de Linières (œuvre détruite en 1912). Il fournit des cartons pour les vitraux de l'église Sainte-Clotilde à Paris. Parallèlement, il exécute de nombreux portraits dans un style défini par Ingres comme " bien plat, sans modelé, sans couleur " (Isaure Chassériau, 1839 ; Alice Ozy, 1852 ; Mme de Loynes, 1862, Paris, Orsay ; Rachel, 1854, Paris, Comédie-Française). Il laisse des écrits qui constituent un témoignage important sur la vie artistique : l'Atelier d'Ingres, souvenirs (1878, Paris), Souvenirs, 1829/30 (1885, Paris).