Cornelis Engebrechtsz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre néerlandais (Leyde 1468  – id.  1553).

Il se forma sans doute dans l'atelier de Colijn de Coter, qui, inscrit à la gilde d'Anvers, travaillait en suivant la tradition des grands maîtres du xve s. (Rogier Van der Weyden, Memling). Une de ses premières œuvres, le tondo de l'Homme de douleur (1500-1505, musée d'Aix-en-Provence), par son calme et son émotion retenue, reste tributaire, à travers Colijn de Coter, de l'art de Van der Weyden ; mais, dès 1508, le style calligraphique et raffiné du Gothique tardif se fait sentir dans le triptyque de la Crucifixion (musée de Leyde), dont les volets représentent le Serpent d'airain (à droite) et le Sacrifice d'Abraham (à gauche). Des œuvres comme la Déploration du Christ (musée de Gand ; Munich, Alte Pin.), le triptyque de la Descente de croix (v. 1512, musée de Leyde et Rijksmuseum), où les donateurs et leurs saints patrons figurent sur les volets intérieurs, relèvent du Gothique tardif par l'exaspération des plis et des contours, par les coloris rares et précieux. Le point culminant de ce " style maniériste " est le tableau représentant Constantin et sainte Hélène (Munich, Alte Pin.), où les formes étirées et élégantes, les détails des vêtements ou de l'armure, s'accordant avec des couleurs recherchées (bleus, orangés, violets), donnent à l'œuvre une tension exaspérée. Citons encore la Descente de croix (Munich, Alte Pin.), la Sainte Famille (musée de Sigmaringen), le Christ chez Lazare (Rijksmuseum), le Christ quittant sa mère (id.), le Calvaire (musée d'Anvers) et des œuvres où le paysage tient une place assez importante : l'Histoire du capitaine syrien Naaman (Vienne, K. M.) et le Sermon sur la montagne (autrefois à Berlin). L'artiste a également réalisé quelques portraits remarquables (Dirk Ottens et sa femme, 1518, Bruxelles, M. R. B. A.).

Cornelis Engebrechtsz est l'un des ultimes représentants du " maniérisme gothique " tardif : l'importance de son atelier, où travaillèrent, outre ses trois fils, Lucas de Leyde et Aertgen Van Leyden, fit de Leyde un foyer rival d'Anvers. Ce peintre précieux, dont le style exaspéré et graphique cherchait les effets et les oppositions de couleurs, achève une époque ; c'est son élève, Lucas de Leyde, qui ouvrira la voie au nouveau style.