Edward Ruscha
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Artiste américain (Umaha, Nebraska, 1937).
Edward Ruscha est l'un des artistes les plus originaux du pop art américain et sans conteste le plus conceptuel. Il a suivi, à partir de 1956, les cours de graphisme publicitaire du Chouinard Art Institute et du Williams Institute de Los Angeles. Il découvre alors la peinture expressionniste abstraite puis l'œuvre de Jasper Johns et de Robert Rauschenberg. En 1960-61, Ruscha travaille dans la publicité comme dessinateur et maquettiste. Il rapporte de son voyage en Europe des peintures à l'huile sur papier où les mots prennent déjà une grande importance (Métropolitain, 1961). De 1963 (Twenty Six Gasoline Stations) à 1978 (Hard Light), il réalise de petits livres, la plupart à l'aide de documents photographiques et dans lesquels il montre, de façon systématique et objective, une réalité banale (Every Buildings on the Sunset Strip, 1966). Ses livres constituent un apport capital à l'histoire de l'art des années 60 par la nouveauté de leur conception, leur contenu radical et leur utilisation de la photographie. En 1970, il réalise son premier film, Premium, suivi notamment de Miracle, en 1975. Mais il n'arrête pas pour autant de peindre. Ses tableaux utilisent des mots très dessinés. Noise (1963, coll. part.) est une peinture à l'huile sur toile où sont inclus des éléments de la réalité : crayons, albums de bandes dessinées, des images simplifiées comme dans les publicités anciennes (Standard Station Amarillo Texas, 1963, Hanover, New Hampshire, Dartmouth College Museum), qui montrent l'appartenance de l'artiste à l'univers du pop art. Dans les années 1964-1974, il utilise également des éléments organiques, minéraux et végétaux pour réaliser ses dessins et ses tableaux, ainsi Nashville (1967, poudre à canon sur papier), Satin (1971, pétales de rose sur papier), Sand in the Vaseline (1974, jaune d'œuf sur satin), Pure Ecstasy (1974, thé sur moire, Eindhoven, Stedelijk Van Abbe Museum). Mais sa peinture et ses compositions restent fortement marquées par les grands espaces de l'Ouest américain et par l'univers hollywoodien, dans son utilisation des panoramiques, des titrages (I just can't bear to look, 1973), des cadrages ou des formats horizontaux étirés (Three Murders, 1981). Ruscha intervient également dans l'architecture en inscrivant des lettres à l'intérieur de la rotonde d'entrée d'une bibliothèque de Miami (Words without Thoughts Never to Heaven, 1985, Miami Dade Public Library). Utilisant la technologie de la typographie et l'esthétique du cinéma dans ses tableaux, combinant le mot et l'image (Talk Radio, 1988), Ruscha reste un artiste profondément original. Une exposition a été consacrée à l'artiste (Paris, M. N. A. M.) en 1989.