Christian Eckart

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Artiste canadien (Calgary, Alberta, 1959).

Le travail de Christian Eckart est une analyse des différentes conventions présidant à l'élaboration, l'usage, la réception et la conservation des œuvres d'art. L'omniprésence du monochrome, débarrassé des spéculations esthétiques avant-gardistes, le rappelle à son existence industrielle (Formica, carrosserie automobile, matières plastiques) et intègre la démarche de Christian Eckart dans un système d'objets sémantiquement codés déjouant la sacralisation mise en œuvre par l'histoire de l'art.

Les cadres dorés à la feuille, relevant de l'artisanat de luxe, désignent et exposent l'à-côté du tableau : le musée et ses cimaises (Icon Type 801, 1987, musée de Grenoble). Dans cet esprit, certaines œuvres constituées uniquement d'une moulure dorée viennent encadrer le mur nu (Eidolon, 1990), alors que d'autres offrent au regard un décalage asymétrique de surfaces planes (White Painting, 1990). Quant aux coups de brosse pétrifiés, ils sont une objectivation de la touche " expressionniste ", sur le fond d'or métaphorique de la peinture religieuse. Récemment, Christian Eckart a délaissé les moulures pour se consacrer à des assemblages de panneaux émaillés dans les tons pastel propres au kitsch des produits de grande consommation. Un autre aspect de son travail se présente sous forme de blocs-couleurs monolithiques et monochromes (bleu, rouge, jaune, vert) dont les côtés exhibent une menuiserie vierge (Regular Painting, 1990-91). Les " objets " d'histoire de l'art ainsi obtenus, dans un moyen terme entre " la basilique et le brico-center ", sont les médiateurs d'un questionnement sur le statut idéal de l'œuvre d'art. D'autres œuvres, laquées sur aluminium, présentent des bandes verticales (Sacra Conversazione 1304, 1992). En 1986, Christian Eckart a participé à l'exposition " Tableaux abstraits " à la villa Arson de Nice, en 1990, à l'exposition " La couleur seule : l'expérience du monochrome " au musée d'Art contemporain de Lyon. Une exposition personnelle lui a été consacrée (Meymac, centre d'Art contemporain) en 1993.