Dirk Barendsz
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre néerlandais (Amsterdam 1534 – id. 1592).
Barendsz, fils d'un peintre, partit pour l'Italie à 21 ans et y resta sept ans. On retrouve curieusement son nom parmi les graffiti de la Domus Aurea. Élève du Titien à Venise vers 1555, il retourne à Amsterdam en 1562. Peintre cultivé, son œuvre essentielle reste le monumental triptyque de l'Adoration des bergers (v. 1550-1560, musée de Gouda), sa seule peinture religieuse conservée et l'un des très rares tableaux d'église hollandais épargnés par les iconoclastes du xvie s. Barendsz y apparaît comme une personnalité prébaroque exceptionnelle marquée par la double influence de la grande manière vénitienne et de l'expressionnisme de Heemskerck. Son Banquet de 1566 (Rijksmuseum), d'un puissant réalisme comparable à celui de Pieter Pietersz, constitue, après Anthonisz, un jalon important dans l'histoire du portrait collectif aux Pays-Bas, qui conduira à Hals et à Rembrandt. Ses quelques dessins connus (Rijksmuseum ; Londres, V. A. M.) attestent une nette parenté avec les réunions galantes d'un Hieronymus Francken par leur contenu mi-allégorique, mi-moralisateur ; ils introduisent directement à la peinture de genre mondaine, si cultivée au début du xviie s. dans les cercles de Haarlem et d'Amsterdam. L'œuvre de Barendsz reste malheureusement perdue aux trois quarts, ce qui empêche de rendre à l'artiste sa véritable place, celle d'un Maerten de Vos hollandais, au premier rang de tous les maniéristes nordiques. On a pourtant redécouvert récemment 24 esquisses monochromes (quatre sont au Louvre) d'une série qui devait en comporter 40, œuvres préparatoires pour une Vie du Christ, gravée par Jan I Sadeler.