Pieter Coecke Van Aelst

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre, architecte et éditeur flamand (Aelst 1502  – Bruxelles 1550).

Selon Van Mander, il aurait été à Bruxelles l'élève de Barend Van Orley. Il visita l'Italie dans sa jeunesse et s'établit à Anvers, où il fut reçu franc maître en 1527. Là, il épousa la fille du peintre Jan Van Dornicke et travailla d'abord dans l'atelier de son beau-père, dont il prit la direction après la mort de celui-ci. Étant donné que les tableaux de cette première partie de sa carrière reprennent, sous une forme modernisée, les compositions d'un peintre anonyme qu'on désignait sous le nom de " Maître anversois de 1518 ", on est contraint d'admettre que celui-ci n'est autre que Jan Van Dornicke.

Coecke n'a signé aucun de ses tableaux. Ils lui ont été attribués par comparaison de style avec quelques dessins signés ou portant son nom, avec le triptyque de la Descente de croix de Lisbonne (M. A. A.), authentifié par un document, et avec la suite de gravures connue sous le nom de Mœurs et Fachons des Turcs, qui fut éditée d'après les dessins que Coecke avait rapportés d'un long séjour en Turquie en 1533. Les tableaux les plus anciens, dont de nombreuses Adoration des mages (Prado ; Ségovie, église du Sauveur ; Bruxelles, M. R. B. A. ; Gênes, Gal. di Palazzo Bianco), plusieurs Sainte Famille (musées de Louvain et de Tours) conjuguent l'influence de Van Orley avec le maniérisme anversois du Maître de 1518, alias Jan Van Dornicke.

À son retour de Constantinople, l'artiste adopte le style de la Renaissance et s'appuie sur les œuvres tardives de Raphaël et de ses disciples. Son dessin devient mouvementé à l'instar de celui de Giulio Romano, et ses figures sont empreintes d'une élégance maniérée. Parmi les tableaux marquants de cette époque (1533-1540), citons la Montée au Calvaire du musée de Bâle, le Jugement dernier de l'Escorial, les Adieux du Christ à sa Mère, du musée de Glasgow, Saint Luc peignant la Vierge, v. 1535-1540, du musée de Nîmes, deux volets avec des portraits et des saints au Prado, le Christ au Jardin des oliviers de l'Ermitage, et Triptyque de la Résurrection du musée de Karlsruhe.

Les tapisseries dont il dessina les projets comptent parmi les plus remarquables de la Renaissance flamande. Trois suites sont connues : celle de la Vie de saint Paul, celle de l'Histoire de Josué (Vienne, K. M.) et celle des Péchés capitaux ; la première et la troisième ont donné lieu à plus d'une édition (Résidence et Bayerisches Nationalmuseum à Munich, Vienne [K. M.] et Patrimoine national d'Espagne). Coecke dessina également des projets de vitraux, et ses traductions, en flamand et en français, de cinq des Livres d'architecture de Serlio, qu'il édita lui-même à Anvers à partir de 1539, eurent un énorme retentissement. Il avait épousé en secondes noces Mayken Verhulst, peintre de talent ; leur fille épousera Pieter Bruegel l'Ancien.

Dans le domaine pictural, Coecke fait figure de chef d'atelier, utilisant des assistants, d'où le mérite inégal des œuvres qui lui sont attribuées. L'aspect artisanal de la peinture l'intéresse moins que l'invention. Coecke se veut avant tout " artiste ". À ce titre, il peut être considéré comme le chef de file de la Renaissance dans les Pays-Bas méridionaux. Il a assuré le passage du Maniérisme de la Pré-Renaissance, dit " Maniérisme anversois ", au Romanisme de la seconde moitié du siècle.