Serge Charchoune

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre russe de l'école de Paris (Bougourouslan 1888  – Paris 1975).

Après des études à Kazan, puis à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou, où il découvre en même temps les impressionnistes, l'avant-garde russe et le Cubisme français, il gagne Berlin et Paris en 1912. Il découvre alors Delacroix, Seurat et Matisse ; à la Palette, il travaille avec Metzinger et surtout Le Fauconnier, dont le " Cubisme physique ", selon Apollinaire, le marque profondément. En 1914, il part pour l'Espagne en compagnie d'Helena Grunhoff, avec qui il expose ses premières toiles de " Cubisme ornemental ", dérivées de motifs mozarabes (Ornemental 1 et 2, 1916, Paris, galerie Creuze). Revenu à Paris, il se rallie à Dada (Serpent ensoiffé, 1921, Milan, gal. Schwartz). À Berlin en 1922-23, Charchoune expose à la gal. Der Sturm et participe à la Grosse Berliner Ausstellung avec notamment Lissitsky et Pougny. Il fonde alors la revue Perevoz Dada (" le Transbordeur Dada ") et collabore à Mecano, revue de Theo Van Doesburg. Mais, curieusement, les toiles de cette époque marquent un retour au Cubisme (Cubisme ornemental n° 3B, 1922, Paris, gal. Creuze) et, lorsqu'il rentre à Paris (juill. 1923), où les derniers soubresauts de Dada se résorbent dans le Surréalisme naissant, il ne se rallie pas à ce dernier, qu'il juge " probolchevique ". Il participe encore à 2 revues dadaïstes (Merz, de Schwitters, et Manomètre, de Malespine), mais, en 1925, découvrant la mystique anthroposophique de Rudolf Steiner, Charchoune choisit une voie radicalement différente. Présenté à Ozenfant par Nadia Léger (1927), il trouve dans le Purisme les bases formelles de l'anthroposophie : Nature morte au bol blanc, 1928 (Paris, gal. Creuze), et se tient à la limite de l'abstraction. En 1942, après s'être libéré du Purisme avec des paysages " mystiques ", il inaugure un " musicalisme " qui lui est spécifique (Thème musical, 1942 ; Nature morte-arabesque, 1946 ; la Musique II, 1951, Paris, gal. Creuze). À partir de 1956, ses transcriptions, d'abord riches en couleurs, ont lentement évolué vers la monochromie et le blanc sur blanc (le Clavecin, 1969, musée de Grenoble).

Deux rétrospectives ont été consacrées à l'œuvre de ce peintre longtemps méconnu : en 1969 par la gal. Lorenzelli de Bergame et en 1971 par le M. N. A. M. de Paris. Une exposition s'est tenue en 1980-1981 aux Sables-d'Olonne (musée de l'abbaye Sainte-Croix).