Gaston Chaissac

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Avallon 1910  –  La Roche-sur-Yon 1964).

Cordonnier à Paris en 1934, il s'installe en 1937 chez son frère, rue Henri-Barbusse : dans le même immeuble habitent Otto Freundlich et sa femme, Jeanne Kosnik Kloss, qui lui apprennent à dessiner et à manier la gouache. Avec eux, il découvre l'Art abstrait, mais, très tôt, sa personnalité trouve une expression originale. Malade en 1937-38, il se remet à dessiner au sanatorium : Bête, oiseaux et serpents (1938, gouache) est un des premiers exemples d'éléments imbriqués dont il fera un si large usage. Cordonnier à Clairvivre (Dordogne), village sanitaire, Chaissac développe en 1939 ses premiers thèmes dessinés à l'encre de Chine (Forme aux quatre visages, 1939 ; Bête s'envolant, 1940), où le motif est traité comme un puzzle recouvert de hachures parallèles. À Saint-Rémy-de-Provence en 1942, il se lie avec Gleizes, Lhote, A. Bloc, l'écrivain Ch. Mauron. En octobre de la même année, il quitte le Midi pour Vix (Vendée), où il se marie. Il exécute en 1942-43 des dessins sur fond jaspé ou moucheté et aborde vraiment la peinture à l'huile en 1944. Au Salon des surindépendants de 1945, Queneau, Paulhan et Dubuffet remarquent son envoi et il restera avec eux en relations épistolaires. Dubuffet préface en 1947 son exposition à la gal. Arc-en-ciel. De 1943 à 1948, il vit à Boulogne (Vendée), où sa femme est institutrice, puis à Sainte-Florence-de-l'Oie (1948-1960), où Dubuffet et Benjamin Péret lui rendent visite, enfin à Vix. L'art de Chaissac se situe au niveau de la vie quotidienne, que son ingéniosité peuple de " bouquets, masques, portraits... que je peux dire miens ". Ses personnages des années 40 témoignent d'un souci de caractérisation expressive (Tête verte aux doigts piquants, 1944 ; Personnage aux gros yeux, 1946) qui s'épurera après l'expérience des compositions abstraites (1950-51 ; série de gouaches, 1959) en un signe simplifié de masque (Personnage, 1961-62, gouache et collage de papier de tapisserie, Paris, M. N. A. M.). Il rencontre dans les objets domestiques — épluchures de courges, chutes de planches, fragments de souches — des stimulants à son inspiration. Objets, totems et tôles peintes, verveuses et drolatiques, apparaissent à partir de 1953 (les Sœurs siamoises, 1960, huile sur fragments de souche assemblés, Y' a d'la joie, 1961, totem peint, Les Sables-d'Olonne, musée).

À la fin de sa carrière, il a associé avec bonheur gouache et papiers peints, exploitant le contraste entre le raffinement décoratif du papier et l'allure mal équarrie des surfaces franchement colorées portant leurs signes figuratifs (Personnage au chapeau violet sur fond noir, 1963-64). L'inspiration délibérément " brute " de Chaissac, son intelligence de certaines formes contemporaines font de lui le créateur original d'une " peinture rustique moderne ". Son œuvre, qui a fait l'objet d'une rétrospective à Paris (M. N. A. M.) en 1973, est représentée à Paris (M. N. A. M.), aux musées de Lyon, de Nantes (la Cène, 1956-57), de Saint-Étienne ; le musée de l'abbaye Sainte-Croix, aux Sables-d'Olonne, présente un important ensemble d'œuvres et gère un centre d'études sur l'artiste. Une exposition Chaissac a été présentée (Francfort, Müseum fur Moderne Kunst ; Wuppertal, von der Heydt-Museum) en 1996-1997.