les Campi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Famille de peintres italiens établis à Crémone.

Le fondateur de la lignée, Galeazzo (Crémone v. 1470 - id. 1536) , resta toujours lié à la tradition de la fin du quattrocento crémonais, fut influencé par Pérugin et Costa, fortement marqué par l'art de son maître Boccaccio Boccaccino (Madone, Crémone, S. Agostino ; Polyptyque, Crémone, S. Maria Maddalena). Il eut trois fils, L'aîné, Giulio (Crémone 1500 - id. v. 1573) , marqué à ses débuts par l'œuvre de Pordenone, illustra avec éclectisme les influences successives du Maniérisme sur l'école crémonaise : Madone et saints (1527, Crémone, S. Abbondio). Il reprend ensuite la manière plus éclatante du style de cour exploité par Giulio Romano (fresques de la Vie de sainte Agathe, Crémone, S. Agata, 1537). Son expression s'affine enfin lorsqu'il ressent à travers C. Boccaccino l'influence du Parmesan (fresques de la Vie du Christ à S. Margherita, 1547, et fresques de S. Sigismondo, 1557). Parmi ses autres œuvres importantes, on peut encore citer diverses peintures du dôme de Crémone et un cycle de fresques à S. Maria delle Grazie à Soncino (Crema).

Antonio (Crémone 1524 – Milan ? 1587) , frère du précédent, montre à ses débuts la même attirance pour le style romaniste, tout en l'accentuant par un vérisme brutal. À partir de 1566 (Pietà, dôme de Crémone), il s'attache à des recherches d'effets dramatiques en exploitant le luminisme issu de l'école bresciane et de la manière tardive de Titien, effets que l'on retrouve amplifiés dans ses grandes toiles milanaises (Scènes de la vie de la Vierge, 1557, S. Marco ; Martyre de saint Laurent et Décollation de saint Jean-Baptiste, 1579-1581, S. Paolo ; Scènes de la vie de sainte Catherine, 1583, S. Angelo). Dans ces œuvres et quelques autres (Saint Jérôme, Prado ; Sainte Conversation, Brera ; Saint Sébastien, Milan, Castello Sforzesco), R. Longhi a souligné l'existence d'éléments de " vérité " précaravagesques, cependant durcis par une tendance " illusionniste ", caractéristique du Maniérisme nordique. La toile du Louvre, complexe dans son programme iconographique (les Mystères de la Passion, de la Résurrection et de l'Ascension) commandée par saint Charles Borromée (1569, Louvre (témoigne de sa participation au) mouvement de réforme catholique de Milan.

L'adhésion de leur frère Vincenzo (Crémone v. 1525/1530 – id. 1591) au goût brescian est moins éclatante, mais sous l'influence de Savoldo elle s'avéra plus intime et plus efficace (Saint Matthieu et l'ange, Pavie, S. Francesco). Il est marqué par le même éclectisme dont fit preuve sa famille, comme le démontrent le caractère romaniste de sa décoration à fresque de S. Paolo (Milan, 1588) et plus encore ses " bodegones " (la Marchande de fruits, la Marchande de poissons, les Marchands de poissons, la Marchande de volailles, Kirchheim, en Bavière, château Fugger ; la Marchande de fruits, Brera), dont certains critiques contestent cependant l'attribution, nettement dérivées d'Aertsen et de Beuckelaer.

Bernardino (Crémone 1522 – id. 1591) , élève de Giulio (sans être parent des Campi), témoigne, avec une cohérente monotonie, de la veine émiliano-parmesane et se rattache en même temps au Maniérisme flamand des peintres romanistes d'Anvers et d'Utrecht (Frans Floris). On lui doit les fresques de la coupole de S. Sigismondo de Crémone et différents tableaux dans d'autres églises de la ville.