Daniel Buren

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Artiste français (Boulogne-sur-Seine 1938).

Buren se fait connaître en remportant le prix de la Biennale des jeunes en 1965. En novembre 1965, puis en automne 1967 avec Mosset, Parmentier et Toroni (B.M.P.T.), il présente des bandes verticales, égales, blanches et de couleurs alternées. Ce motif est adopté intuitivement et peut être exécuté par quiconque. Il ne se réfère à rien et constitue un fait visuel primaire. Refusant la peinture de chevalet en tant qu'objet d'échange typique de la société capitaliste, Buren a réalisé dans le monde entier des centaines de présentations où l'intérêt était chaque fois porté sur le lieu dans lequel est montrée l'œuvre. Le motif de bandes colorées peut être appliqué sur les supports les plus variés (toile, papier, plastique transparent) et toujours, par son adaptation à l'espace, il attire l'attention sur une caractéristique de cet espace. C'est en général dans le cadre des musées et des galeries que Buren est amené à montrer son travail, remettant ainsi perpétuellement en question le concept d'œuvre d'art et ses limites. Avec une constante rigueur, il se démarque très nettement de tout ce qui rattache l'artiste à la tradition romantique. Il a très nettement défini ses positions dans plusieurs textes : Limites critiques, Paris, gal. Yvon Lambert, 1970 ; À partir de là, musée de Mönchengladbach, R. F. A., 1975 ; Discordance/cohérence (en collab. avec R. M. Fuchs), Eindhoven, Van Abbe Museum, 1976 ; Rebondissements, Bruxelles, 1977. Chaque exposition est l'occasion d'une réflexion, qui porte le plus souvent sur les contradictions inhérentes aux institutions culturelles : intérieur-extérieur (le musée et la rue), le mur et la peinture (l'accrochage), le déplacement de l'œuvre et sa transformation dans le temps. En 1977, le M. N. A. M. de Paris a acquis et réalisé un projet de Buren, les Couleurs, qui consiste en 15 drapeaux, présentant des bandes verticales, accrochés sur divers bâtiments et monuments de Paris et visibles du Centre Pompidou soit à l'œil nu, soit au moyen de trois télescopes. À partir des années 80, notamment depuis " Points de vue ", sa première grande exposition à l'A. R. C. (M. A. M., Paris, 1983), vaste dispositif en corridor cachant l'architecture du lieu et ouvrant sur divers points de vue, et le " Labyrinthe " (Kunsthalle de Berne, 1983), le travail de Buren s'est considérablement amplifié. Selon son principe, Buren va adapter son " outil visuel " à des lieux monumentaux et prestigieux en réalisant des interventions in situ de plus en plus plastiques, ludiques et décoratives, appellation qu'il revendique pleinement, préférant se confronter à cette notion, qu'il considère dans son sens noble et non restrictif, plutôt que de l'éluder (château des ducs d'Épernon, Cadillac, 1984-85 ; château de Rivoli, 1985 ; Ushimado, Japon, 1985 ; Paris, M. N. A. M. ; Grenoble, musée, 1986 ; Paris, musée des Arts décoratifs, 1987). La commande publique controversée du Palais-Royal, Deux Plateaux (1986), lui a valu la reconnaissance du grand public et, à la Biennale de Venise de 1986, Buren a reçu le prix du meilleur pavillon étranger. Des " photos-souvenirs " documentent sur les œuvres, qui, la plupart du temps, sont éphémères. Cependant, elles ne remplacent pas l'œuvre et ne sont ni exposées ni vendues. Une importante exposition lui est consacrée (Bordeaux, C. A. P. C.) en 1991.