Camille Briand, dit Camille Bryen

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et poète français (Nantes 1907  – Paris 1977).

Il se fixe à Paris en 1926 et publie ses premiers essais poétiques (Opoponax, 1927) en même temps qu'il exécute des dessins spontanés. Il invente bientôt des procédés insolites de création plastique et expose en mai 1934 des dessins et des collages " Au grenier ". S'il se rapproche un moment des surindépendants et des surréalistes, il reprend plutôt l'action destructrice de Dada en faisant profession d'anti-peinture et d'" abhumanisme ", caractérisée comme une " disponibilité absolue ", attitude qu'il recherchera également dans sa peinture. Dans la continuité de l'esprit dada et surréaliste, il fabrique quelques " objets à fonctionnement " (Morphologie du désir, 1934-1937, Paris, M. N. A. M.) et fait à leur propos une conférence à la Sorbonne en 1937, l'Aventure des objets (publiée chez José Corti). Sa première œuvre, tachiste avant la lettre, Cire et fumée, est exposée en 1936 au Salon des surindépendants. Bryen aborde la peinture après la guerre en maintenant sa volonté de désintégrer le langage convenu. Son refus de toute expression liée à la figuration l'amène à s'associer aux activités les plus libres de l'art abstrait, bien qu'il n'accepte pas pour lui-même cette définition. Il expose au premier Salon des réalités nouvelles (1946) et prend une part active, avec Mathieu, aux manifestations de la Non-Figuration psychique (1947-48), opposée au formalisme géométrique et justifiant ainsi le courant de l'abstraction lyrique. Participant de Véhémences confrontées (1951) et de Signifiants de l'informel (1952), Bryen invente à partir de 1950 une forme d'expression picturale désignée comme " tachiste ". La composition est d'une grande souplesse chez Bryen ; à l'assise géométrique des fonds, généralement en tonalités claires, se superposent des foyers colorés plus denses et brefs, en touches carrées bien affirmées, dont des lignes colorées ponctuées ou continues infléchissent le dynamisme (les Cloîtres du vent, 1966 ; Virgile, 1967). L'effet spatial qui résulte de cette composition atteint, selon Jean Grenier, à un " mysticisme atmosphérique " admettant comme hautes références Venise, Turner et Monet. Simultanément, dans ses très nombreux dessins à l'encre de Chine et dans ses gravures, l'artiste a continué à développer son écriture, faite de concentration et de finesse incisive. Il a illustré plusieurs textes, notamment Vigies de Tzara (1963), Feuilles éparses de René Crevel (1965), Lettres du Nouveau-Mexique (1971) et la Querelle des États (1973) de Michel Butor, l'Imitation de Notre-Dame la Lune de Jules Laforgue (1974). Bryen est représenté à Paris (M. N. A. M. et M. A. M. de la Ville), dans les musées du Havre, de Lyon, de Lille. Le M. N. A. M. lui a consacré une rétrospective en 1973.