Donato d'Angelo, dit Bramante

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et architecte italien (près d'Urbino 1444  –Rome 1514).

Les renseignements concernant l'activité picturale de ce fameux architecte se limitent à la première partie de sa vie ; il se peut cependant qu'il ait continué à peindre par la suite. Il se forma entre 1470 et 1477 à Urbino, foyer artistique particulièrement brillant, animé par Federico da Montefeltro. Le plus ancien document mentionne la frise des Philosophes, sur la façade du Palazzo della Podestà à Bergame : les liens qui unissent cette œuvre au Studiolo du palais d'Urbino dû à Pedro Berruguete et à Juste de Gand sont si nombreux que la conception même du Studiolo pourrait bien revenir à Bramante lui-même, avant 1476. Il aurait également pu intervenir à la Cappella del Perdono, où une décoration équilibrée et raffinée unifie et élargit l'espace. La même conception de la structure et de la perspective se retrouve dans les peintures des Arts libéraux, qui décoraient les murs de la bibl. du Palais (Londres, N. G.) et qui sont dues sans doute à Pedro Berruguete. À trente-trois ans environ, Bramante avait quitté Urbino, ayant acquis un style qui devait essentiellement ses caractères à Melozzo da Forlí, à Piero della Francesca et à Mantegna. La reconstitution de la salle d'armes qu'il décora à fresque, à la Casa Panigarola de Milan (fragments conservés à la Brera), la récente découverte des peintures de la chapelle Saint-Jean-Baptiste à S. Pietro in Gessate permettent d'affirmer la cohérence de sa vision architecturale et la portée morale de ses puissantes figures, projetées hors de leurs cadres en trompe-l'œil. Le Christ à la colonne, provenant de l'abbaye de Chiaravalle (Brera), serait l'une de ses dernières œuvres milanaises (v. 1490) ; l'intensité de cette image de la souffrance est admirablement soulignée par un éclairage lunaire sans doute inspiré par Piero et Giovanni Bellini. L'influence de Bramante sur ses contemporains fut considérable, et ne se limite pas à ses élèves, dont le plus fidèle fut Bramantino. Les formes architecturales qu'il avait mises à la mode furent utilisées dans les fonds des tableaux non seulement en Lombardie (Bergame, Casa Angelini), mais également à travers le Piémont et la Ligurie, jusqu'en Provence et même en Castille. Le mythe de Bramante, interprète dogmatique, héritier d'un style classique acquis par l'étude minutieuse des ruines romaines, dont Vasari fut l'un des artisans, se dissipe donc peu à peu.