Bram Van Velde
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre néerlandais (Zoeterwoude 1895 – Grimaud 1981).
Il travaille à partir de 1907 chez un décorateur de La Haye et commence à exécuter aquarelles et dessins, consacrés à des scènes de la vie citadine et enlevés avec aisance. De 1922 à 1924, il est en Allemagne, à Worpswede, et connaît alors une brève période expressionniste (le Semeur, Amsterdam, Stedelijk Museum ; Neige, 1923). Si la facture de ces tableaux et la richesse de leur matière rappellent celles des peintres germaniques, les thèmes rustiques et villageois sont analogues à ceux du groupe flamand qui se manifestait depuis quelques années. Installé à Paris (1925), Van Velde éclaircit sa palette (études de fleurs, natures mortes) et décante progressivement son style (Nature morte, 1925), créant une synthèse unique entre l'œuvre de Matisse et du Cubisme et l'Expressionnisme allemand. À partir de 1926, il expose régulièrement au Salon des indépendants, puis aux Surindépendants. Il vit en Corse en 1930, puis à Majorque (1932-1936), d'où il sera chassé par la guerre civile. C'est dans les œuvres de Majorque que le passage à la non-figuration commence à s'effectuer, à partir de thèmes encore identifiables (Masques, 1934). En 1938, avant que la guerre n'oblige l'artiste à cesser toute activité, prend place une série de dessins de têtes réduites à leur schéma essentiel, cercle, triangle arrondi, où s'inscrit la cavité irrégulière de l'orbite. Ces formes et maintes dérivations reviendront fréquemment dans les œuvres postérieures. Ayant recommencé à peindre en 1944, c'est en 1946 qu'Édouard Loeb organise à Paris (gal. Mai) la première exposition personnelle de Bram Van Velde, dont le style va désormais plutôt s'enrichir que vraiment évoluer. Techniquement, le métier s'est beaucoup allégé et l'huile est relativement abandonnée au profit de la gouache, souvent de grand format, dont la matité et l'absence de relief contribuent, par effet de contraste, à exalter l'ordonnance et le rythme coloré des surfaces, d'abord assez strictement définies (Peinture, 1950) dans une gestualité accentuée par l'abandon de référence au réel (Peinture, 1956, Saint-Étienne, musée d'Art moderne). En 1948, Samuel Beckett désigne la peinture de Bram Van Velde comme celle d'un " art d'incarcération ". Le lyrisme monumental qui émane de ces toiles et de ces gouaches ne va pas en effet sans susciter aussi un sentiment d'angoisse. Cette puissance plastique, aussitôt édifiée, semble se défaire. Les formes, qui tendraient à quelque géométrie plus sereine, s'arrondissent et s'écroulent, impression accentuée par les coulures, véritables stigmates de l'acte de peindre (Peinture, 1961, Amsterdam, Stedelijk Museum). Par bonheur, le coloris requiert souvent l'exaltation dans des accords simples ou recherchés, sonores ou graves (Peinture, 1966, Paris, M. N. A. M.). Après 1970, on peut remarquer un dynamisme accru, un bousculement des rythmes formels et chromatiques dans un espace toujours aussi saturé dramatiquement. L'artiste, qui avait abordé la lithographie en 1923 (Autoportrait), est revenu à cette technique beaucoup plus tard, surtout à partir de 1967, et s'est imposé depuis comme un des premiers lithographes de son temps, travaillant aussi à l'illustration de livres (Maurice Blanchot, la Folie du jour, 1973).
Bram Van Velde a fait une importante donation de son œuvre lithographié au musée d'Art et d'Histoire de Genève, ville où il s'était installé en 1965. Une rétrospective lui a été consacrée (Genève, musée Rath) en 1996.
L'artiste est particulièrement bien représenté dans les grands musées d'art moderne d'Europe et des États-Unis. Son œuvre a fait l'objet de nombreuses expositions rétrospectives : à Dordrecht, Dordrechts Museum, 1979 ; Saint-Étienne, musée d'Art moderne, 1985 ; Maastricht, Bonnefantenmuseum, 1979 ; Paris, M. N. A. M., 1989 ; Valence, I. V. A. M, 1990 ; Madrid, Centre d'Art Reine Sofia, 1990.