Paul-Émile Borduas

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre canadien (Saint-Hilaire, Québec, 1905  – Paris 1960).

Il entre, dès l'âge de quinze ans, dans l'atelier d'Ozias Leduc, peintre et décorateur d'églises bien connu au Canada. Ce dernier lui enseigne les rudiments de son art pendant trois ans et le prépare à son entrée à l'École des beaux-arts de Montréal. En 1928, Borduas part pour Paris afin d'étudier dans les ateliers d'art sacré.

 De retour au Canada en 1930, il s'oriente vers l'enseignement, et la découverte du Surréalisme, v. 1940, stimule sa production. Ses personnages et les natures mortes de cette époque contiennent déjà des éléments abstraits, comme dans Femme au bijou (1940, Toronto, coll. Ch. S. Band). En 1942, sous l'influence d'André Masson et de Matta, il pratique une peinture véritablement abstraite qui prendra le nom d'" Automatisme " en 1947, lors d'une exposition de groupe à la gal. du Luxembourg, à Paris. Professeur à l'École du meuble de 1937 à 1948, il forme de nombreux disciples, dont plusieurs signent avec lui un manifeste intitulé Refus global (en 1948). Contraint d'abandonner son poste de professeur la même année, il émigre à New York en 1953, puis à Paris en 1955. L'Automatisme de Borduas, qui désigne une peinture exécutée sous la dictée de l'inconscient alors que la raison est gardée à l'état de veille, rejoint l'Action Painting de Jackson Pollock et de Willem de Kooning, sans pourtant rien lui devoir. La seule influence américaine admise par Borduas est celle de Franz Kline, avec qui il partage une prédilection pour les noirs, les blancs et les gris, à partir de 1955. Borduas cherche à rendre un nouvel espace ouvert et mobile, obtenu par un jeu de pâtes lumineuses et diversifiées dans leurs textures. Son œuvre évoque parfois l'image de réalités astrales ou microphysiques. Elle est doublement émouvante lorsque ces mêmes images apparaissent comme des équivalents de réalités psychiques, et son lyrisme est traduit par une technique exemplaire : Trois +quatre + un (1956, Ottawa, N. G.).

C'est au musée d'Art contemporain de Montréal que Borduas est le mieux représenté. Les musées du Québec ont par ailleurs organisé en 1971 l'intéressante exposition " Borduas et les automatistes, 1942-1955 ". Une nouvelle exposition lui a été consacrée (Montréal, M. A. C.) en 1995.