Giovanni Boccati

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Camerino ; connu en Ombrie de 1445 à 1480).

Né à Camerino, dans les Marches, au moment des troubles suscités par les da Varana, seigneurs de la cité, il passe sans doute très jeune à Pérouse, où, en 1445, il demande la citoyenneté. En 1446, il reçoit la commande de la " pala " des Flagellants (auj. en partie repeinte, à Pérouse, G. N.). Il est à Padoue en 1448, puis à Urbino v. 1460, où il décore à fresque une salle du Palais ducal avec les Hommes illustres. Entre 1462 et 1470, il retourne à plusieurs reprises à Camerino, où son nom figure sur de nombreux documents. Pour la commune de Macerata, il peint le Triptyque de l'église S. Maria de Seppio (Madone ; Saint Sébastien, 1466) et le grand Polyptyque de l'église S. Eustachio de Belforte (1468). La " pala " d'Orvieto (Madone et quatre saints), auj. au musée de Budapest, date de 1473 ; en 1479, Boccati peint une Pietà pour S. Agata de Pérouse (G. N.) ; deux œuvres exécutées en 1480, perdues, sont signalées par des documents.

 Boccati est le peintre le plus original et le plus représentatif de la culture composite, née de la tradition " expressionniste " du trecento et de la version la plus élégante et raffinée du Gothique " courtois ", celle de Gentile da Fabriano, qui s'épanouit dans les Marches et l'Ombrie vers le milieu du xve s. Cet art s'enrichit du nouveau langage pictural de la Renaissance sous l'influence de Fra Angelico, dont le Polyptyque des Dominicains arriva à Pérouse en 1437, et celle de Domenico Veneziano, qui travailla en Ombrie en 1438. Après 1450, Boccati se sent attiré par la Renaissance padouane, comme beaucoup d'artistes des Marches, tel Girolamo di Giovanni, que certains ont considéré à tort comme son fils.

La grâce de ses anges et les gestes de ses personnages restent un peu monotones, et cette impression est surtout ressentie dans ses dernières œuvres, dans lesquelles on ne retrouve plus les fraîches inventions de sa Madone et l'Enfant (Pérouse, G. N.) ou de sa Madone entourée d'anges musiciens (musée d'Ajaccio).

Les productions les plus remarquables de Boccati sont ses paysages lumineux qui basculent en d'invraisemblables perspectives ou sont minutieusement décrits jusqu'à l'extrême horizon (prédelle de la " pala " des Flagellants ; la Madone aux anges de la fondation Berenson à Settignano ; Calvaires du musée d'Esztergom et de la Ca' d'Oro à Venise). Étonnante aussi paraît la façon dont Boccati transpose en termes imaginaires le monde classique, qu'évoquent des architectures fragiles et des bas-reliefs en trompe-l'œil.