les Berlinghieri

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Famille de peintres italiens.

Berlinghiero (actif à Lucques, documenté de 1225 à 1235 ; mort en 1236). Un document de 1228 nous apprend que, accompagné de ses fils Bonaventura et Barone et d'autres citoyens de Lucques, il prêta alors serment de paix avec les Pisans. Bien que le document l'appelle " melanese ", il est certain qu'il était originaire de Lucques. Ses œuvres connues (Crucifix peint du musée de Lucques, Madone du Metropolitan Museum) montrent bien l'origine de son art : le Crucifix de Lucques révèle, dans les types des figures et dans le chromatisme précieusement émaillé (révélé par la récente restauration), l'imitation de modèles byzantins ; cette imitation est également évidente dans la Vierge Odighitria, à mi-corps, peinte à la partie supérieure du crucifix. Un autre Crucifix, plus tardif, provenant de l'église de S. Salvatore de Fucecchio (maintenant au musée de Pise), vient d'être identifié : il porte la signature " Berlingerius Vulteranus me pinxit ".

Bonaventura (actif à Lucques et documenté de 1228 [alors qu'il devait être âgé de plus de dix-huit ans] à 1274). Fils de Berlinghiero, il fut aussi miniaturiste. Le retable de l'église S. Francesco de Pescia (près de Pistoia), représentant Saint François et six scènes de sa vie, daté de 1235, est authentifié par sa signature. En raison de leur affinité avec cette œuvre, un panneau avec Saint François recevant les stigmates (Florence, Accademia), un diptyque avec la Madone et l'Enfant et la Crucifixion provenant du couvent de S. Chiara de Lucques (auj. id.) ainsi que le Crucifix du couvent des Oblats à Florence ont été attribués à Bonaventura ou à son école. Ces œuvres montrent une parfaite assimilation du courant byzantin de stricte observance qui régnait à Lucques dès le xiie s. et au début du xiiie, courant illustré par le propre père de Bonaventura. Berlinghieri fut longtemps considéré comme le représentant d'une " manière nationale " cherchant à se dégager des mécanismes stylistiques figés de la culture tardive byzantine et se distinguant par une veine intense et pathétique. Toutefois, certains critiques le jugent au contraire tout à fait étranger au grand renouvellement qui, à partir de l'époque romane, intéressa la meilleure part de l'art italien.