Hans-Georg Kern, dit Georg Baselitz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Artiste allemand (Deutschbaselitz, Saxe, 1938).

Après des études dans les écoles supérieures des arts plastiques et appliqués de Berlin Weissensee (1956-57) et de Berlin Charlottenburg (1957-1964), où il est l'élève de Hann Trier, il découvre les écrits de Lautréamont et d'Artaud, ainsi que la peinture expressionniste américaine (Pollock, De Kooning, Guston) et française (Wols, Fautrier). Mais, dès l'origine, sa peinture est à la recherche d'une nouvelle figuration, ainsi dans les têtes de Rayski. Sa production des années 60 met en œuvre des personnages, véritables écorchés, se détachant sur fond de nuit (la Grande Nuit dans le seau, Cologne, musée Ludwig) et une série de fragments de Pieds, 1963 (Schaffhausen, Hallen für neue Kunst) avant de développer, en 1965-66, le thème du " type nouveau ", sorte de rebelle, écologiste avant la lettre, de stature monumentale (les Grands Amis, Vienne, musée d'Art moderne), ainsi que des peintures de vaches ou de chiens. Baselitz poursuit des recherches successives sur l'importance du fait pictural par rapport au sujet : tableaux fracturés, entraînant la division du tableau en segments (Pieds de Kullenvo, 1967, Londres, coll. Saatchi), puis en fragments avec une structure de la peinture en taches (B für Larry, 1967, Londres, coll. Saatchi), avant de parvenir, à partir de 1969-70, à l'inversion du sujet qui permet à l'artiste et au spectateur de s'en détacher pour accorder une valeur primordiale aux éléments picturaux (l'Homme à l'arbre, 1969). Le sujet, même si apparaît à ce moment le thème de l'aigle, va de plus en plus perdre de son importance par rapport à la matière picturale qui prend une grande expressivité avec un maniement plus nerveux de la couleur et du pinceau, ainsi dans les nus (Elke V, 1976) ou dans Femme en démolition, 1978 (Eindhoven, Van Abbe Museum), dont l'écriture tourmentée met sur le même plan la figure et son environnement. À partir de 1975, il s'installe à Derneburg en Basse-Saxe. En 1977, Baselitz est nommé professeur à l'Académie des arts plastiques de Karlsruhe. En 1981, l'artiste revient à l'usage de couleurs vives, tels le rose ou le jaune, au moment où les figures redeviennent lisibles, même si les traits de pinceau sont très soulignés (série des mangeurs d'oranges et des buveurs, 1981). Dans des œuvres où les figures en pied sont prises dans un environnement quasi monochrome, la couleur en larges touches prend une valeur structurelle (le Groupe de la Brücke en chœur, 1983). Le caractère monumental des œuvres se retrouve dans les sculptures exécutées par Baselitz, figures massives largement taillées (Modèle pour une sculpture, présenté en 1980 à la Biennale de Venise). Les années 1985-86 marquent un retour au réel avec l'utilisation de souvenirs de Saxe (Pastorale la nuit — Pastorale le jour, 1985-86, Cologne, musée Ludwig) et d'un système de grille colorée sur le fond (1897, Rotterdam, B. V. B.). Dès 1963, Baselitz a aussi entrepris un œuvre gravé, utilisant tous les procédés et reprenant les thèmes de sa peinture (le Type nouveau, les animaux, les paysages), créant, en 1977, des linogravures monumentales. L'œuvre de Baselitz, bien représentée dans les musées allemands, est aussi présente en France (les Filles d'Olmo II, 1981, Paris, M. N. A. M. ; Trois Têtes avec escargot, 1966 ; Aigle, 1980, Strasbourg, M. A. M.). De 1983 à 1988, Baselitz est professeur à l'École supérieure des arts appliqués de Berlin. Il a participé aux Documenta 5, 6, 7 de Kassel et son œuvre a fait l'objet de rétrospectives en 1988. La Bibliothèque nationale, à Paris, a présenté son œuvre gravé en 1985. Une importante et nouvelle rétrospective a été consacrée à Baselitz (New York, Los Angeles, Washington, Berlin) en 1995-1996.