Giacomo Balla

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Turin 1871  – Rome 1958).

Ses premiers paysages dérivent de la tradition de l'esquisse du xixe s. turinois et plus précisément du courant naturaliste, imprégné de symbolisme, marqué par Eugène Carrière, et sensible aux recherches divisionnistes (Pelizza da Volpedo, Segantini et Previati). Un séjour à Paris en 1900 le met en contact plus direct avec le Divisionnisme (Faillite, 1902). Vers 1901, Boccioni et Severini fréquentent son atelier. Dès ce moment sont entreprises les recherches thématiques et formelles qui aboutiront au Futurisme. Conduit par son idéal social et humanitaire, Balla exécute des peintures évoquant le monde contemporain, progrès technique, banlieues industrielles et milieu des ouvriers (la Journée de l'ouvrier, 1904 diptyque montrant le jour et le soir sur une chantier de construction). En 1909, la Lampe à arc (New York, M. O. M. A.) fonde le Futurisme en peinture par son sujet " antiromantique ", son traitement plastique et la décomposition de la lumière, qui ouvre la voie aux travaux futurs de l'artiste.

Lorsqu'il signe en 1910 le Manifeste des peintres futuristes, il a déjà acquis une grande notoriété. Il va s'attacher à l'étude du mouvement et de la vitesse : Étude sur le vol des hirondelles (1913, New York, M. O. M. A.), Dynamisme d'un chien en laisse (1912, Buffalo, Albright-Knox, Art Gallery), qui présentent des points communs avec le photodynamisme de Bragaglia, et surtout Fillette courant sur un balcon (1912, Milan, Civica Gallerie d'Arte Moderna), qui montre le mouvement décomposé en une succession de phases juxtaposées dans une technique pointilliste et non pas en référence au Cubisme. Il s'abstient de toute élaboration théorique et fonde intuitivement ses recherches sur ses propres œuvres. Marqué ensuite par le Cubisme, il va développer jusqu'à l'extrême limite la décomposition du mouvement avec des œuvres telles que Automobile en course (1912, New York, M. O. M. A.), Vitesse abstraite, bruit (1913, Venise, fond. Guggenheim.), qui montre des séquences limitées par des arcs de cercle et traversées par des lignes obliques, et surtout Vitesse d'une automobile + lumière + bruit (1913, Zurich, Kunsthaus), qui présente un jeu de facettes traduit en clair-obscur disposé dans des registres verticaux parallèles. Il entreprend aussi en 1912 la série des Compénétrations iridescentes, qu'il poursuivra jusqu'en 1914 et qui, plus que la recherche de la traduction de mouvement, se présente comme une série d'études de la lumière et de la couleur fortement imprégnées de doctrine théosophique Compénétration iridescente n° 7, 1912, Turin, G. A. M.).

Son œuvre Mercure passant devant le Soleil (1914, Milan, coll. Mattioli ; Vienne, musée du XXe Siècle ; étude à Paris, M. N. A. M.) confirme cette volonté d'aboutir à une représentation cosmique. Il exécute en 1915 des compositions d'une abstraction dynamique en faveur de l'intervention italienne dans la guerre (Chant patriotique Piazza di Siena, Drapeaux à l'autel de la patrie, 1915. À la fin de la guerre et jusque vers 1930, il continue à peindre des tableaux où le rythme joue un rôle métaphorique (Paysage + Sensation de pastèque, v. 1918, Rome, Institut suisse) ainsi que de curieux tableaux qui anticipent parfois sur le pop art (Chiffres amoureux, 1926, qui représente les chiffres 8, 4, 5 et 3 en perspective). Balla participe en 1925 à l'exposition internationale des Arts décoratifs à Paris avec deux grandes tapisseries, Mères, voile et vent et le Génie futuriste.

Il pratiqua, en outre, diverses autres formes d'expression : sculpture, décoration (meubles ; étoffes, en particulier pour la maison Loewenstein à Düsseldorf, 1912-1914, détruite ; décors de théâtre), architecture, dessin. Il fit de sa propre habitation romaine le terrain d'application de son manifeste de 1915 " Reconstruction futuriste de l'Univers ". À partir de 1930, il revient à la peinture figurative : ses derniers paysages urbains et ses portraits en sont la plus intéressante expression. Il exposa à la Biennale de Venise pour la première fois en 1909, puis en 1926 et en 1930 avec le groupe futuriste, participant à toutes ses manifestations jusqu'en 1931. Les M. A. M. de Rome, Milan, Zurich, Amsterdam, New York et de nombreuses coll. part. (en particulier, à Rome, la coll. Balla) conservent ses peintures. La G. A. M. de Rome a organisé en 1972 une importante rétrospective de l'artiste, suivie en 1985 d'une exposition consacrée à la période 1912-1928 à Zurich.