Karel Appel

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et sculpteur néerlandais (Amsterdam 1921-Zurich 2006).

Il étudia à l'Académie d'Amsterdam (1940-1943) et fit sa première exposition en 1946 à Groningue. Ses débuts furent marqués par l'influence, très brève, de Picasso, de Matisse, puis de Dubuffet. L'écriture sommaire, inspirée par les dessins d'enfants, et les contrastes de tons agressifs caractérisent ses sculptures souvent polychromes et ses peintures exécutées de 1947 à 1952 env., période qui inclut son activité au groupe Cobra. L'évolution d'Appel, installé à Paris depuis 1950, s'effectua en faveur d'un métier riche de matière et de couleur sonore et appliqué à différents thèmes, figures, portraits, paysages, nus. Un voyage en Amérique (1957), où il prend connaissance de l'Action Painting, inaugure une phase (jusque v. 1960) où l'exécution dynamique, animant toute la surface, tend à dissoudre le motif (Deux Têtes dans un paysage, 1968). Les oeuvres suivantes, toujours imprégnées du même esprit soit violent, soit pathétique, ont bénéficié de cette expérience et joignent dans les meilleurs moments la qualité picturale à la liberté de l'interprétation : suite de Nus (1962), Bagarre (1964). Visages-paysages (1977). Appel reçut plusieurs commandes officielles en Hollande (cafétéria du Stedelijk Museum d'Amsterdam, 1951) et peignit le décor mural du restaurant de l'Unesco, à Paris (1958). Il a exposé à Paris (C.N.A.C.) des sculptures polychromes (1968) témoignant d'un certain retour à l'esprit de Cobra (Oiseau et fleur, 1968, contre-plaqué et polystyrène expansé) ; on lui doit aussi de nombreuses lithographies. En 1976, il exécute avec Alechinsky une suite de dix peintures à l'encre (les Encres à deux pinceaux). Une exposition au Museum Boymans de Rotterdam en 1981 fut uniquement constituée de ses peintures des trois dernières années, au cours desquelles il a soumis son geste à une descipline en peignant par courtes hachures (série des champs, 1979, et des Fenêtres, 1980). Une certaine austérité se fait jour dans ses thèmes (Sur la tombe, 1981) aussi bien que dans son chromatisme renouvelé : des bruns, des gris, des verts sombres. Quand, au cours des années 80, un retour à l'expressionnisme figuratif ou à une " figuration libre " devient une des tendances dominantes en peintures, Appel peut sans difficulté s'intégrer à ce courant par de grandes toiles très librement traitées comme Nuages au-dessus du village (1984). La Moderna Galerija de Ljubljana (Slovénie) lui a consacré une exposition en 1996.