Andrea d'Agnolo di Francesco, dit Andrea del Sarto

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Florence 1486  – id. 1530).

La carrière d'Andrea del Sarto se déroula à Florence. Apprenti chez un orfèvre, puis, selon Vasari chez le peintre florentin Gian Barile, il achève sa formation dans l'atelier de Piero di Cosimo ; il associe dans ses premières œuvres l'influence de son maître à celle de Pérugin. Sa participation (1509-11), avec cinq scènes de la Vie de saint Philippe Benizzi au Cortège des Mages et à la Nativité de la Vierge, au cycle du porche de l'Annunziata, complété en 1514 (premier ensemble monumental entrepris à Florence depuis l'échec des tentatives de Léonard de Vinci et de Michel-Ange au Palazzo Vecchio), renoue, par son ampleur et ses rythmes simples, avec la tradition narrative des fresques du quattrocento. En juin 1511, Andrea reçoit commande d'une fresque pour le réfectoire du couvent de San Salvi à Florence. Il y réalise cette année-là quatre " tondi " avec les saints de l'ordre " vallombrosano " puis une Cène quinze ans plus tard (1526-27). En 1514, Andrea entreprend la décoration en grisaille du cloître des Scalzi : 10 scènes de la Vie de saint Jean-Baptiste et 4 allégories des Vertus (jusqu'en 1526).

Rythmé par un jeu subtil de pilastres et de bordures en trompe l'œil, l'ensemble, exécuté en collaboration avec Franciabigio, ne sera achevé qu'en 1528. Par ses ambitions monumentales et sa force tranquille, la suite — où l'on reconnaît des motifs empruntés à Lucas de Leyde et à Dürer — relève directement de l'art de Michel-Ange (à Florence en 1516), en particulier du David et de la Bataille de Cascina. Les " sacre conversazioni ", exécutées à partir de 1512-13, reprennent les formules classiques de l'école de Fra Bartolomeo : citons en particulier l'Annonciation (Florence, Pitti) et le Mariage mystique de sainte Catherine (Dresde, Gg). En revanche, les 2 panneaux de l'Histoire de Joseph du décor de la chambre nuptiale (Florence, Pitti), compris dans l'ensemble commandé en 1515 par la famille Borgherini, témoignent d'une aisance toute personnelle dans le groupement des figures sur fonds de paysage. La même animation retenue se dégage de la Sainte Famille avec sainte Catherine (1515-16, Ermitage), probablement inspirée par la Madonna dell'Impannata de Raphaël, que l'on sait présent à Florence en 1514. La Madone des Harpies (1517, Offices) dénote par sa gravité un peu lointaine un parti de mélancolie voilée, qui s'affirmera dans le thème de la Pietà, ultérieurement traité à plusieurs reprises (une version au K.  M. de Vienne, 1521).

La renommée d'Andrea est bientôt telle qu'il est appelé par François Ier en France (1518), où il peint un seul tableau, la Charité du Louvre, reprenant la construction pyramidale de la Sainte Anne de Léonard de Vinci. Cette même année voit la réalisation d'un tondo, la Sainte Famille (Paris, Louvre) et une Vierge à l'Enfant avec des anges (Londres, Wallace Coll.) ; il épouse la veuve Lucrezia del Fede qui devient dès lors son modèle de prédilection pour chacun de ses tableaux religieux.

Un moment sensible aux recherches formelles de son élève Pontormo, dont il ne partage pas les audaces expressives (la Madone sur l'escalier, Prado ; Vierge à l'Enfant, 1519-20, Rome, Gal. Borghèse), Andrea manifeste dans sa grande fresque du Tribut de César à Poggio a Caiano (1520-21), achevée par A. Allori en 1582, une volonté de simplification et d'équilibre monumental, qui influencera profondément les artistes florentins, soucieux d'échapper, à la fin du siècle, aux conventions d'un Maniérisme attardé. L'articulation très nette, le coloris clair de la Madone au sac (1525, Florence, cloître de l'Annunziata) et de la Pietà (Florence, Pitti) seront remplacés, dans les dernières œuvres, par la multiplication des effets de draperie, favorable à la virtuosité du modelé (Assomption, id.).

Représentant le plus marquant du classicisme florentin, mêlant la subtilité de Léonard de Vinci aux ambitions formelles de Raphaël et de Fra Bartolomeo, Andrea témoigne, en particulier dans ses portraits (Florence, Offices, Pitti ; Prado), d'une sensibilité anxieuse accordée aux inquiétudes florentines, d'où naîtra le Maniérisme. Son rayonnement s'exercera sur des artistes aussi éclectiques que Bugiardini, Franciabigio, Bachiacca ou Puligo. Le cinquième centenaire de sa naissance a été marqué par une importante exposition (Florence, 1986).