Amédée Ozenfant

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Saint-Quentin 1886  – Cannes 1966).

Après des études classiques, il élabore les fondements de son art au cours de la Première Guerre mondiale, en publiant notamment la revue l'Élan (1915-1917). Sa carrière commence véritablement en 1917 avec sa rencontre, dans l'atelier d'Auguste Perret, de l'architecte Charles Édouard Jeanneret (Le Corbusier), qui pratiquait depuis peu la peinture. Dès 1918, ces deux artistes se manifestent sur la scène artistique en exposant des tableaux représentant des paysages et surtout des natures mortes, groupant des objets ordinaires, dessinés d'une manière simple, dans une gamme sombre et avec une composition dense (Sisteron ; Violons jaunes, Paris, M. N. A. M.). Les deux artistes publient à Paris en 1918 un manifeste : Après le cubisme, qui fonde le Purisme, qu'ils veulent faire succéder au Cubisme. Ils reprochent à ce dernier d'être décoratif et surtout de ne pas être en accord avec l'" esprit moderne ", assimilé à la civilisation industrielle caractérisé selon eux par l'utilisation des machines et le progrès de la science. Ils veulent trouver dans l'art des " invariants " comme il y a des lois dans les sciences. Le Purisme va se révéler un art intellectuel, excluant le hasard et utilisant des formes géométriques parce qu'elles sont lisibles. Ozenfant et Jeanneret s'inspirent des méthodes de construction, de la finalité et de l'esthétique des machines industrielles et établissent " une grammaire générale de la sensibilité ". Les formes et les couleurs sont simplifiées, les structures fondées sur l'angle droit et les " tracés régulateurs ". Le sujet reste présent sinon primordial et va surtout être constitué de natures mortes réunissant des objets usuels, assiettes, verres, carafes, pipes, bouteilles, qui sont fonctionnels et produits en série de façon économique. Leurs formes simples et standardisées peuvent s'assembler facilement et rester lisibles. Ces objets sont représentés selon des méthodes empruntées au dessin industriel, en utilisant le plan, l'élévation, la perspective cavalière, avec les ombres projetées suivant les règles de la perspective. Leur agencement organique va produire des générations de formes. " On peut créer le tableau comme une machine. Le tableau est un dispositif à émouvoir. " Cette théorie a été développée et précisée par la pratique picturale au fur et à mesure et notamment par écrit dans une suite d'articles parus dans la revue l'Esprit nouveau, fondée par le poète Paul Dermée, Ozenfant et Jeanneret en 1920 : textes repris dans le livre la Peinture moderne (Paris, 1925), qu'ils publient ensemble et qui connaîtra un grand retentissement dans les milieux qui ont tenté de comprendre la nature de la création artistique, de la rationaliser et de lui trouver une justification (Grande Nature morte, 1926, Paris, M. A. M. de la Ville). Les carrières d'Ozenfant et de Jeanneret se séparent après 1925. À partir de 1927, l'œuvre d'Ozenfant change de direction : il réintroduit la figure humaine et recherche des effets de peinture murale (la Grotte aux baigneurs, 1990-31). Il répond à sa manière à la sollicitation du Surréalisme avec des images parfois étranges, mais qui restent parfaitement rationalistes. Il expérimente ensuite des compositions très ambitieuses sur des thèmes allégoriques, qui apportent malheureusement moins de satisfaction (Vie, 1931-1938, Paris, M. N. A. M., en dépôt au musée de Saint-Quentin). Il donnera, après 1940, quelques œuvres encore attachantes telles que le Canon endormi (Minneapolis, Walker Art Center) ou le Gratte-ciel éclairé (Paris, M. N. A. M.), fruits de son expérience américaine. Ozenfant a exercé son influence sur de nombreux artistes, et non des moindres, tels que Fernand Léger et Willi Baumeister. Pédagogue, il a formé dans les différents lieux où il a enseigné, à Paris à l'Académie moderne, à Londres, puis aux États-Unis, de nombreux disciples, de la Française Marcelle Cahn à l'Américain Gerald Murphy et, au début des années 50, Roy Lichtenstein.

Ses écrits ont eu un retentissement très important et, en particulier, son livre Art, publié en 1928 qui fut aussitôt traduit en allemand puis en anglais. Ses Mémoires 1886-1962 ont été publiés après sa mort. Amédée Ozenfant est représenté en particulier au musée de Bâle, à New York (M. O. M. A. et Guggenheim Museum), à Paris (M. N. A. M.). Une exposition rétrospective de son œuvre a été organisée au musée de Saint-Quentin en 1985.