Abraham Janssens
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre flamand (Anvers v. 1574 – id. 1632).
Auteur de tableaux religieux, allégoriques e mythologiques, il fut l'un des premiers à introduire le Caravagisme en Flandre. Apprenti en 1584-85 chez le romaniste Jan Snellinck, il est signalé à Rome en 1598. Encore proche des romanistes, il semble alors plus attiré par le Maniérisme des Zuccari, comme en témoigne Diane et les nymphes (coll. part.), œuvre signée et datée de 1601, année de sa maîtrise à Anvers, où il résidera jusqu'à sa mort. La Vieillesse s'appuyant sur la Foi et l'Espérance pour échapper au Temps (1600, Bruxelles, M. R. B. A.) dérive directement d'un tableau de Frans Floris (Ermitage), puis Janssens soumet ces influences à celle de Caravage, ce qui permet d'avancer l'hypothèse d'un deuxième séjour à Rome et l'influence des œuvres de Saint-Louis-des-Français, inaugurant un style vigoureux, aux formes amples et calmes, sculpturales, simplifiées et cernées par de fortes oppositions d'ombre et de lumière (l'Escault et la ville d'Anvers, 1610, musée d'Anvers ; Crucifixion, musée de Valenciennes). Le réalisme des visages et le rendu des chairs sont mis en valeur par des couleurs contrastées et généralement vives : la Joie et la Mélancolie (1623, Espagne, coll. part. ; réplique à Dijon, musée Magnin). Mais, si Rubens a adopté avec aisance certains traits du Classicisme de Janssens, celui-ci, en revanche, subit de plus en plus fortement l'emprise de son rival (la Paix et l'Abondance liant les flèches de la Guerre, 1614, musée de Wolverhampton ; Diane et ses nymphes, musée de Kassel ; l'Abondance, Anvers, maison de Rubens ; ce qui le conduisit à exaspérer les contrastes et à durcir le modelé pour affirmer sa personnalité ; sa brutalité anticipe Jordaens, et parvient malgré tout à concurrencer Rubens (l'Annonciation, musée de Gand). Après 1618, les deux styles pratiqués par l'artiste se côtoient dans son œuvre sans jamais fusionner.