le Repas de noces

Tableau de Pieter Bruegel, dit Bruegel l'Ancien (1568). Kunsthistorisches Museum, Vienne.

Ce tableau représente une noce campagnarde : le paysage a disparu au profit d'un entassement de paysans flamands dans une grange. Bruegel ordonne cette liesse dans une composition raffinée : diagonales, verticales, couleurs claires au centre, soutenues sur les bords, luminosité diffuse forment un espace à la fois clos et profond. Le peintre superpose ici trois sujets. Le sujet idéal, la mariée, se trouve décentré, repoussé au fond, passant presque inaperçu. Le sujet réel, la gloutonnerie, s'affiche au premier plan : le vin coule à flots, l'enfant se suce les doigts, le plateau – une porte dégondée – est couvert de plats. Le domestique du premier plan est rendu monumental par l'effet de perspective. Le premier et le second plan sont mis en rapport par la position de l'homme (le marié ?) qui passe les plats. Quant au sujet caché, la satire des Noces de Cana, du Tintoret, il est illustré par le verseur de vin, qui évoque les miracles du Christ, et il met en scène à la fois le pessimisme de Bruegel – que certains critiques ont cru reconnaître dans le personnage placé à l'extrême droite du tableau – et son humour pour l'exorciser.