Cosi fan tutte ou Così fan tutte, ossia la Scuola degli amanti

en français Ainsi font-elles toutes, ou l'École des amants

Wolfgang Amadeus Mozart
Wolfgang Amadeus Mozart

Opéra bouffe en 2 actes de Wolfgang Amadeus Mozart sur un livret de Lorenzo Da Ponte (Vienne, 1790).

Personnages

Fiordiligi, dame de Ferrare en villégiature à Naples (soprano)
Dorabella, sa sœur (mezzo-soprano)
Guglielmo,officier, amant de Fiordiligi (baryton)
Ferrando, officier, amant de Dorabella (ténor)
Despina, servante de Fiordiligi et de Dorabella (soprano)
Don Alfonso, vieux philosophe (basse)
Soldats, serviteurs, marins

Argument

Così fan tutte se divise en trente et un numéros répartis en deux actes. L'action se déroule à Naples, vers la fin du xviiie s. Deux jeunes officiers, Ferrando et Guglielmo, sont mis au défi par un vieux libertin sceptique, Don Alfonso, de conserver pendant leur absence l'amour de leurs fiancées respectives, les deux sœurs Dorabella et Fiordiligi. Ils feignent de partir à la guerre, et reviennent déguisés en Albanais. Après avoir hésité, Dorabella, puis sa sœur Fiordiligi cèdent à l'empressement des deux étrangers, qui leur ont promis le mariage. C'est alors que, à la grande confusion des deux sœurs, les deux jeunes gens dévoilent leur véritable identité. « Ainsi font-elles toutes », ricane Don Alfonso avant d'unir les jeunes amants.

Et tous de conclure dans un somptueux sextuor : « Heureux l'homme qui prend toute chose du bon côté et, à travers toutes les vicissitudes, se laisse guider par la raison… »

Analyse

Composée pour répondre à une demande de l'empereur d'Autriche Joseph II – qui, d'après la légende, aurait lui-même choisi le sujet –, Così fan tutte est peut être l'œuvre la plus brûlante de passion de Mozart, et qui possède des prolongement psychologiques d'une gravité essentielle. Sous couvert du cynisme d'une farce a priori absurde, le compositeur et son librettiste vénitien Lorenzo Da Ponte, qui signaient ici le troisième et dernier fruit de leur si féconde collaboration (après les Noces de Figaro l et Don Giovanni), ont donné naissance à un drame humain d'un rare pessimisme, une « tragédie sous forme de jeu », comme l'a écrit le musicologue René Leibowitz.

Sur le livret original, Mozart a composé une musique d'un raffinement extrême, qui sous-tend tout un univers psychologique, particulièrement féminin, d'une prodigieuse diversité. L'œuvre connut un énorme succès lors de sa création (27 janvier 1790, Hofburgtheater de Vienne).

Mais la mort de Joseph II, le 20 février suivant, mit un terme à la carrière de Così, qui ne fut repris que six fois avant de disparaître, le puritanisme romantique acceptant mal une telle débauche d'immoralité – Beethoven reprochait à Mozart d'avoir commis cet ouvrage auquel Wagner vouait une sympathie navrée. Il fallut attendre la toute fin du xixe s. pour qu'il revienne à l'affiche, notamment grâce à l'insistance de Richard Strauss, admirateur inconditionnel de Mozart, qui l'imposa à Munich, puis à Berlin et à Vienne.

Bien qu'elle ne manque pas d'arias très élaborés pour chacun des rôles principaux, la partition est surtout remarquable pour l'enchaînement de ses ensembles (à deux, trois ou quatre voix), d'une ampleur et d'une somptuosité sans équivalent dans l'art lyrique ; les personnages bouillonnent de vie et s'expriment avec une vérité sans pareille, alors que l'orchestre est d'une expressivité et d'une élasticité inouïes, particulièrement les instruments à vent, volubiles et souples comme autant de personnages de théâtre.