les Prisons
Suite de 16 gravures à l'eau-forte de Giovanni Battista Piranesi, dit Piranèse (1750 et 1761), 41 × 54 cm.
L'inspiration de Piranèse oscille entre réel et imaginaire, baroque et classicisme. Les Carceri sont la réponse du graveur à un appel qui anticipe les inquiétudes de la fin du siècle des Lumières.
C'est à Venise, en 1744, que le graveur conçoit les premiers schémas des Prisons. Les plaques de cuivre seront préparées l'année suivante et la série de quatorze planches publiée en 1750, sous le titre Invenzioni caprici di carceri. En 1761, Piranèse, après avoir retravaillé les planches initiales en les « poussant au noir », en ajoutera deux autres, la nouvelle suite étant publiée sous le titre Carceri d'invenzione. Ces gravures, figurent des constructions aux énormes voûtes, aux escaliers sans fin, où l'on supplicie des hommes. Les sujets traités ont d'abord pris leur inspiration chez les décorateurs de théâtre, tels F. Bibiena, Juvarra et Vanvitelli. Mais Piranèse bâtit des architectures démesurées dans lesquelles l'homme se perd. Il s'y montre un génie visionnaire, et son art fantastique annonce le romantisme.
Piranèse est d'abord un remarquable praticien de la gravure. Il utilise le vernis dur jadis employé par J. Callot et non plus le vernis mou. Il confie la plaque de cuivre à l'acide, dont il contrôle parfaitement la morsure, et la reprend parfois au burin. Partant, il cherche à accentuer les contrastes violents d'ombre et de lumière, éliminant les gris. Les Prisons vont fasciner des générations d'artistes et d'écrivains, de Thomas De Quincey à Marguerite Yourcenar, auteur d'un remarquable essai, le Cerveau noir de Piranèse.