la Petite Renarde rusée
Opéra en trois actes de Leoš Janáček, livret de Leoš Janáček, d'après la nouvelle de Rudolf Těsnohlídek (6 novembre 1924, Théâtre National de Brno).
La Petite Renarde rusée est le septième opéra de Janáček, composé plus de vingt ans après Jenufa. Le livret rédigé par Janáček est tiré d'une nouvelle de Rudolf Těsnohlídek (1921), elle-même inspirée d'un feuilleton publié par un quotidien de Brno au printemps 1920. Il y était question d'une renarde qui, capturée par un garde-chasse, s'échappait et retournait dans la forêt.
Le texte et la musique de l'opéra ont été écrits de 1921 à 1923, juste après la création de Katya Kabanova.
Acte I
Le garde-chasse, qui s'est endormi dans la forêt, est réveillé par une grenouille. Il aperçoit alors une jeune renarde qu'il capture et ramène chez lui, dans l'espoir de l'apprivoiser. Mais la nouvelle venue, attachée dans la cour ne tarde pas à semer le désordre. Elle adresse aux poules un discours révolutionnaire et féministe. Comme celles-ci ne réagissent pas, la Renarde les dévore toutes puis coupe sa corde et s'enfuit dans la forêt.
Acte II
De retour dans son milieu d'origine, la Renarde expulse le blaireau de son terrier et s'y installe à sa place.
L'action se déplace ensuite chez l'aubergiste du village où le garde joue aux cartes avec l'instituteur, sous la surveillance du curé. De mauvaise humeur, le garde-chasse s'en va.
Le curé et l'instituteur, tous les deux ivres, partent dans la forêt. L'instituteur aperçoit la Renarde et la prend pour la gitane Terynka qu'il aima autrefois. Le curé, qui a aussi été amoureux de Terynka dans sa jeunesse, est victime de la même illusion. Les hommes effrayés rencontrent alors le garde, qui est à la recherche de la Renarde.
Pendant ce temps, la Renarde qui s'est éprise du Renard est mariée par le Pivert.
Acte III
Harasta, le colporteur, braconne dans la forêt. Il croise le garde-chasse et lui apprend qu'il va se marier avec Terynka. La Renarde survient alors avec ses petits. Elle nargue Harasta, mais celui-ci, voyant les renardeaux s'emparer des volailles qu'il a chassées, tire et tue accidentellement la Renarde.
Dans le dernier tableau, le garde-chasse s'endort là où il avait attrapé la Renarde. Il rêve qu'une renarde s'approche de lui ; il va la saisir lorsque, réveillé en sursaut, il trouve une jeune grenouille dans sa main.
Une mise en scène problématique
Cet opéra est compliqué à mettre en scène parce qu'il fait intervenir des animaux qui doivent chanter et que Janáček avait prévu de faire danser. Ce n'est qu'en 1956 que ces difficultés furent résolues par Walter Felsenstein qui monta la pièce à l'Opéra-Comique de Berlin puis à l'étranger, où il reçut un accueil très chaleureux du public.
La partition
Le compositeur qui donne une grande place aux intermèdes orchestraux entre les scènes, utilise des registres musicaux très différents comme le suggèrent l'épisode comique des poules, la scène de séduction entre le Renard et la Renarde, ou encore la nostalgie du garde-chasse à l'acte III. Cette variété de climats et de styles fait de cet opéra l'une des œuvres les plus originales de Janáček.