la Métamorphose de Narcisse

Peinture de Salvador Dalí (1937). Tate Gallery, Londres.

Malgré la dimension assurément moderne de ses créations, Dalí demeure attaché aux thèmes traditionnels de la peinture, et notamment à ceux qui sont issus de la mythologie : Narcisse est un jeune éphèbe puni par les dieux pour avoir préféré l'amour de sa propre image à celui des jeunes filles ; il meurt captivé par la beauté de son reflet dans l'eau ; selon Ovide (les Métamorphoses), au lieu même où il mourut poussa une fleur nouvelle, le narcisse. C'est une double métamorphose qu'illustre le peintre. À gauche, Narcisse se mire dans l'eau, à droite, son double, sous la forme d'une statue, est transformé en l'image d'une main. À la place de la tête de Narcisse se trouve, selon Dalí, « un œuf, une semence, l'oignon duquel naît le nouveau Narcisse – la fleur ». L'assimilation de la tête à un oignon est à rapprocher d'une expression catalane : de quelqu'un qui a un complexe, on dit qu'il a « un oignon dans la tête ». Dalí réinvente ainsi le mythe grec, en montre la dimension psychanalytique, utilisant pour la première fois sa méthode « paranoïaque-critique ».