Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruine
Tableau de Hubert Robert (1796). Huile sur toile, 114,5 x 146 cm. Louvre, Paris.
Hubert Robert, l'un des paysagistes les plus appréciés du règne de Louis XVI, a longtemps séjourné en Italie, dont il a rapporté de nombreux dessins d'après l'antique qui lui servirent de répertoire durant toute sa carrière.
La peinture de ruine est son domaine de prédilection. La Grande Galerie du Louvre en ruine se présente comme une vue « idéale », l'expression d'une rêverie qui condenserait retour vers le passé (la ruine évoque la grandeur et la nostalgie d'une Rome disparue) et projection dans le futur (le Louvre à l'état de ruine). Cette peinture évoque aussi la participation d'Hubert Robert dans la constitution du futur Museum, qui va transformer le Louvre pour exposer les collections royales au public. Le projet remonte au règne de Louis XVI et Hubert Robert, nommé « garde des tableaux du roi », a fourni de nombreux projets pour le réaménagement de la Grande galerie. Ici, la voûte éventrée préfigure la verrière qui, bien plus tard, dispensera à la galerie un éclairage zénithal – prôné par Hubert Robert.
Le tableau résume quels sont les impératifs principaux du musée : réunion des chefs-d'œuvre de l'art, la collection est aussi un outil pédagogique, destiné à un public toujours plus nombreux, et aux artistes, qui y trouvent les modèles les plus prestigieux (ici, l'Apollon du Belvédère). L'introduction d'éléments plus prosaïques en ces lieux (une jeune lavandière faisant bouillir sa lessive ?) vient apporter une touche d'ironie légère, en même temps qu'elle évoque la permanence des gestes quotidiens contre l'inéluctable écoulement du temps, élément central de la poésie des ruines.