Théâtre de Clara Gazul
Recueil dramatique de Prosper Mérimée (1825).
Mettant en pratique les idées de Stendhal sur l'exigence de modernité du théâtre, Prosper Mérimée rassemble dans son Théâtre de Clara Gazul de brefs drames en prose (six dans la première édition, dix au total, dans l'édition définitive de 1842) qui ne respectent pas la règle des unités. S'inspirant des grands auteurs classiques hispanophones, tels Lope de Vega, Calderón ou Tirso de Molina, ainsi que du roman gothique, il les attribue à une imaginaire « comédienne espagnole », Clara Gazul, dont il se prétend le simple traducteur. L'écrivain y exploite les thèmes de la colonisation (les Espagnols en Danemark), de la jalousie (le Ciel et l'enfer, l'Amour africain), de l'amour purificateur (Inès Mendo ou le préjugé vaincu), de la révolution portugaise de 1640 (Inès Mendo ou le triomphe du préjugé), de la perversité des femmes et du corps ecclésiastique (Une femme est un diable ou la tentation de saint Antoine, l'Occasion, le Carrosse du Saint-Sacrement), de la révolte paysanne (la Jacquerie) ou du drame passionnel (la Famille de Carvajal).
Première manifestation dramatique, en France, de la création romantique, le Théâtre de Clara Gazul est un pastiche original qui témoigne d'une ironie de moraliste, mais aussi d'une exagération parodique de la culture espagnole (cris, pleurs, vengeances, mises à mort). Davantage destiné à la lecture qu'à la représentation, l'ouvrage remporte un considérable succès dès sa parution. Jean Renoir a réalisé une adaptation cinématographique du Carrosse du Saint-Sacrement en 1952.