Messe du pape Marcel

Messe à six voix de Giovanni Pierluigi da Palestrina (1567).

Père de la musique religieuse dans la mouvance de la Contre-Réforme, garant de la tradition, synthétisant dans son œuvre, principalement vocale et religieuse, l'art contrapuntique du xvie s., Palestrina aura appliqué les consignes pontificales d'intelligibilité du texte et de soumission de la musique au message liturgique. C'est ainsi qu'une légende aura longtemps couru sur le fait que c'est sa Messe au pape Marcel qui aurait « sauvé » la musique liturgique et l'art polyphonique de l'interdit ecclésiastique qui les menaçait, en prouvant au Sacré Collège et au concile de Trente qu'elle pouvait être à la fois simple, respectueuse du texte, subtilement figurative, et savamment composée. C'est cette légende que corrobore l'opéra Palestrina composé en 1915 par Hans Pfitzner, qui reprendra quelques fragments modifiés de la messe.

Le Kyrie de la Messe du pape Marcel, publiée en 1567 dans le deuxième livre des Messes, est bâti sur le fameux thème de « l'Homme armé », chanson médiévale française au texte plutôt grivois mais devenue célèbre par son usage religieux au point d'être souvent utilisée aux xve et xvie s. Palestrina la reprendra dans deux autres messes. Écrite quelques années avant sa parution, vers 1562-1563, la Messe du pape Marcel célèbre la mémoire du pape Marcel II, mort en 1555 après trois semaines de règne. Le Vendredi saint, il avait réuni ses musiciens, parmi lesquels se trouvait Palestrina, pour leur notifier que la musique de ce jour devait en respecter le caractère de gravité et permettre l'intelligibilité des textes liturgiques chantés. Ces mêmes exigences étant exprimées par le concile de Trente, le compositeur rédigea cette partition à six voix en guise de réponse et lui donna le nom du pontife défunt initiateur du projet.