Jacques le Fataliste et son maître

Roman de Diderot écrit en 1771, publié en 1796.


Le récit premier des aventures picaresques de Jacques et de son maître se trouve d'emblée impliqué dans le dialogue ironique d'un auteur et d'un lecteur fictifs, et bientôt traversé par des réminiscences, des rencontres suscitant d'autres récits comme celui, célèbre, du marquis des Arcis et de Mme de La Pommeraye, dont R. Bresson tirera son film les Dames du bois de Boulogne (1945). Cette « parodie romanesque » à la structure complexe, à la fin ouverte, manifeste l'irréductibilité d'un ordre supérieur inscrit sur le « grand rouleau » du déterminisme universel, et d'un vécu déconcertant qui paraît réglé par les seuls « caprices du destin » (J. Ehrard). Écart qui se reproduit entre l'auteur réel imposant de fait à son texte la nécessité du « c'est écrit là-haut » et un auteur fictif qui se grise d'arbitraire et de liberté : « Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? »