Aristote contemplant le buste d'Homère
Peinture de Rembrandt (1653). Huile sur toile. Metropolitan Museum of Art, New York.
Commandé par don Antonio Ruffo, ce tableau fait partie d'un ensemble comportant un Alexandre le Grand (1661), également de Rembrandt, et deux autres œuvres, l'une du Guerchin, l'autre de Mattia Preti. Les commandes du Sicilien s'inscrivent dans les préoccupations culturelles de la période baroque. Le portrait « moral » d'inspiration philosophique, littéraire ou mythologique s'accorde aux exigences intellectuelles de l'époque. Don Antonio Ruffo avait une nette préférence pour la demi-figure peinte par Rembrandt et qu'aucune autre n'égalait.
Cet Aristote présente la quintessence de l'art du peintre. Par le traitement du sujet d'abord : le vieillard méditatif, c'est celui qu'on retrouve dans deux autres portraits de 1657 ; il prend ici une dimension historique, et le monde familier du peintre – le buste d'Homère faisait partie de ses collections – devient l'expression d'un univers mystérieux et fascinant. La composition ensuite, dépouillée de tout détail superflu, organisée selon quelques figures géométriques – triangles, courbes –, focalise l'attention sur l'échange silencieux entre l'homme et le buste. Blanc, noir et or, la sobriété des couleurs, enfin, sculpte les formes dans une lumière qui semble irradier de la masse somptueuse des tissus, tandis que les paillettes lumineuses de la chaîne d'or qui barre la poitrine d'Aristote animent d'un scintillement propre à la manière de Rembrandt l'austère composition.