hilotes

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Esclaves appartenant à l'État spartiate.

À l'origine, les hilotes passent pour être les prisonniers de guerre, les Héléens, capturés dans la ville d'Hélos, sur la côte méridionale. Cette étymologie ne convainc guère ; une autre a été proposée, qui fait d'hilote le synonyme de « captif ». Quoi qu'il en soit, le terme finit par désigner les esclaves publics de la région, que l'on peut assimiler à des serfs. On distingue les hilotes de Laconie et de Messénie. Si les premiers sont des Doriens, les seconds sont les habitants des régions que Sparte a vaincues au cours des guerres de Messénie.

L'État spartiate affecte les hilotes aux propriétaires terriens, dont il cultivent la terre à leurs frais ; une partie des gains revient à l'État de Sparte. Leur maître n'est autorisé ni à les affranchir, ni à les vendre hors des frontières, parce qu'ils appartiennent plus à l'État qu'au citoyen. Ce sont avant tout des villageois. En cas de guerre, ils sont enrôlés comme troupes auxiliaires ; légèrement armés, ce sont des frondeurs, des lanceurs de javelots ; ils servent comme rameurs dans les navires. À Platées (479 av. J.-C.), chaque Spartiate combat entouré de sept hilotes ; il y en a trente-cinq mille en tout. Cléomène, qui a besoin d'argent, propose aux hilotes d'acheter leur liberté : six mille se proposent.

Les hilotes affranchis portent le nom de « néodamodes ». Ils forment une classe à part ; comme ils se sont illustrés par leur bravoure, les éphores, qui les craignent, les envoient travailler à l'étranger, ou dans une colonie en terre lointaine. Après le ve siècle, l'État spartiate les emploie aussi comme hoplites.

Population sauvagement contrôlée

Esclaves dépourvus de droits politiques, ils sont si nombreux que les Lacédémoniens, afin d'éviter toute révolte, exercent sur eux un contrôle rigoureux et constant : un service permanent de gendarmerie, la krypteia, est établi, constitué par les jeunes Spartiates. Mais ce service va bien au-delà d'une simple surveillance : les magistrats envoient de temps en temps ces jeunes gens, reconnus pour les plus avisés, sillonner le pays, pourvus seulement de poignards et des vivres nécessaires. Se dispersant chacun de son côté, ils se tiennent pendant le jour tranquillement blottis dans des endroits couverts ; la nuit ils en sortent pour courir les routes et massacrer les hilotes qui leur tombent sous la main. Souvent, en plein jour, ils tuent dans les champs les plus forts et les plus robustes des hilotes.

D'une manière plus générale, les Spartiates imposent aux hilotes d'avilissants travaux et les accablent d'outrages. Ils les forcent à se couvrir de peaux de chien. Tous les ans, à époque fixe, ils les frappent sans qu'ils aient commis aucune faute, afin qu'ils n'oublient jamais qu'ils sont esclaves. S'ils voient l'un d'eux se faire remarquer par sa bonne mine, plus qu'il ne convient à un esclave, ils le punissent de mort ; et le maître est condamné à une amende pour n'avoir pas réprimé cet excès de santé. Aristote affirme (d'après Plutarque) que le premier acte des éphores, à leur entrée en charge, est de déclarer la guerre aux hilotes, afin qu'il soit légitime de les tuer. On les traite en tout temps avec une excessive rigueur : on les contraint à boire du vin pur, puis on les mène dans les salles des repas publics, pour montrer aux jeunes gens ce que c'est que l'ivresse. Là on les oblige à chanter des chansons obscènes, à exécuter des danses indécentes et ridicules. À Lacédémone, l'homme libre est tout à fait libre et l'esclave tout à fait esclave.

Les Lacédémoniens leur demandent un jour de désigner ceux d'entre eux qui les ont le mieux secondés à la guerre, en disant qu'ils veulent les affranchir. Les Lacédémoniens imaginent que ceux qui seront les premiers à revendiquer la liberté seraient également les premiers à se révolter. Deux mille hilotes sont désignés ; le front ceint d'une couronne, ils se promènent autour des temples, montrant par cette cérémonie leur affranchissement. Peu de temps après, ces hilotes disparaissent tous, sans que nul ne sache comment ils ont péri.

On ne doit pas s'étonner de la disparition mystérieuse des hilotes : les révoltes sont fréquentes et les éphores, de temps à autre, sous couvert de leur rendre une liberté glorieuse, se chargent traîtreusement de diminuer leur nombre.

Les historiens restent toutefois sceptiques et sur l'« évaporation » de deux mille individus, sans que personne se soit jamais douté de rien, et sur la pratique de la krypteia ; non pas sur son existence, mais sur la manière dont elle était appliquée de la part des éphores, quasi obsessionnelle, selon Plutarque.

Voir aussi : esclave