flamine

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Prêtre romain attaché au culte d'un dieu.

Créés par Numa Pompilius, les flamines sont, à l'origine, au nombre de trois ; ce sont les flamines majeurs ou grands flamines, choisis parmi les patriciens et attachés au culte d'un dieu de la triade primitive : Jupiter, Mars, Quirinus. Douze autres flamines, mineurs ou petits flamines, s'y ajoutent, choisis dans la plèbe ; citons ceux de Volcanus, Volturnus, Portunus, Carmenta, Flora, Pomone, Furina, Palatua Falacer, Cérès ; deux restent inconnus. Qu'une divinité « majeure » comme Minerve n'ait eu aucun flamine, que des divinités obscures en aient été pourvues s'explique par le fait que ce sacerdoce remonte à une très haute antiquité.

À la classe des grands flamines appartient celui de Jupiter, le flamen Dialis, qui occupe le rang le plus élevé dans la hiérarchie et qui jouit de nombreux privilèges, par exemple, de faire partie du sénat, de porter la toge prétexte, d'être honoré de la chaise curule et d'un licteur. En contrepartie, il est soumis à des obligations strictes : interdiction de monter à cheval (contrairement au flamine de Mars) ; de s'éloigner de Rome où il garantit la présence du dieu qu'en quelque sorte il incarne ; de voir l'armée en armes (classem procinctam) en dehors du pomoerium ; de prêter serment ; de jurer ; de transporter du feu de son foyer, uniquement pour l'usage des autels. Si un homme, chargé de liens, entre dans sa maison, il faut qu'ils tombent à l'instant et que de la cour (impluvium) on les jette sur le toit, puis de là dans la rue ; il ne doit avoir aucun nœud, ni sur sa tête, ni à sa ceinture, ni dans aucune partie de son habillement. Si celui qu'on va battre de verges rencontre le souverain pontife et se prosterne à ses pieds en invoquant sa commisération, c'est un sacrilège de le frapper ce jour-là. Celui qui coupe les cheveux du prêtre de Jupiter doit être de condition libre ; et lui-même, en aucune circonstance, ne peut toucher ni nommer la viande crue, une chèvre, du lierre ou des fèves. Il ne doit jamais passer dans les chemins que couvrent des sarments de vigne formés en berceau. Il faut que les pieds du lit où il repose soient garnis d'une légère couche de limon, et il doit y coucher trois nuits de suite ; personne ne peut se servir de ce lit. Il faut que l'on enfouisse dans la terre, au pied d'un arbre productif, ce que le ciseau a fait tomber des ongles et de la chevelure de ce vénérable personnage. Tous les jours sont jours de fête pour le prêtre de Jupiter ; hors de chez lui, jamais il ne quitte la mitre qui lui couvre la tête. Jamais le prêtre de Jupiter ne doit toucher le pain fait de pâte fermentée, ni la viande crue, ni le lierre ; il doit se méfier des chiens et des chèvres ; il ne peut quitter sa première tunique, si ce n'est dans les lieux couverts, de peur qu'il ne paraisse nu en plein air et aux yeux du dieu dont il est le ministre. Il n'entre jamais dans les lieux où sont placés les cendres et les bustes ; jamais il ne touche de cadavres : il lui est cependant permis de célébrer des funérailles. C'est là une façon de garantir sa pureté en le plaçant hors du temps quotidien qui appartient à tous. Si sa femme meurt, il se doit d'abandonner le flaminicat ; quant à son mariage, il ne peut être dissous que par la mort d'un des conjoints.

Lors d'un sacrifice, Quintus Sulpicius a laissé tomber son bonnet de flamine ; il perd par la même occasion son sacerdoce. (Nommé apex, du nom de la pointe qui le surmontait, ce bonnet en forme de cône, est remplacé en été par un ruban.) Gaius Claudius, en raison d'une irrégularité commise lors de la présentation des entrailles de la victime, renonce à sa charge.

La flaminica est soumise à de semblables restrictions. Elle est vêtue de couleurs vives ; il lui est interdit de se coiffer avec un peigne en buis, de se couper les ongles avec des ciseaux en fer, et ce, le temps de son sacerdoce, ainsi que de monter sur certaines échelles...

Tacite rapporte que Tibère, se fondant sur un décret des pontifes, autorisait le flamine de Jupiter d'alors, Servius Maluginensis, à s'absenter plus de deux nuits pour cause de maladie, à condition qu'il ait l'accord du grand pontife, que son absence n'intervienne pas pendant le temps des sacrifices publics et que cela ne se reproduise pas plus de deux fois dans l'année. Ce sacerdoce, si rigoureux, demeure vaquant soixante-quinze ans ; il est rétabli en 11 av. J.-C. par Auguste.

À l'époque impériale, d'autres flamines voient le jour, pour les empereurs divinisés.

Voir aussi : Religion des Romains