fétiaux
(Variantes : féciaux)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Confrérie romaine fondée par Numa Pompilius ou par Tullus Hostilius composée de vingt prêtres recrutés parmi les patriciens et les plébéiens, qui interviennent lors d'une déclaration de guerre ou de la conclusion d'un traité de paix.
Prenant Jupiter à témoin, dans le premier cas, les fétiaux sont chargés d'assurer Rome de la protection des dieux, en légitimant la guerre engagée par elle. Dans le second cas, ils maudissent l'Urbs si elle s'avise de violer le traité. Un porc est sacrifié à cette occasion à l'aide du silex sacré de Jupiter Lapis dans son temple de Jupiter Férétrien.
En cas de conflit avec une puissance voisine, deux fétiaux pénètrent à la frontière du territoire ennemi, et y lancent un javelot de cornouiller rouge, dont la pointe a été trempée dans le feu. Lorsque le territoire adverse est trop éloigné, le rite s'accomplit de manière symbolique, dans le temple de Bellone, près du cirque de Flaminius, où un espace représente le camp ennemi. Ainsi, lors de la guerre contre Pyrrhus, on juge risqué, et peu pratique en tout cas, d'envoyer un prêtre en Épire. Alors, comme on dispose d'un prisonnier de l'ennemi, on lui procure un petit terrain dans le cirque Flaminius, et l'on décrète que cette terre représente le territoire épirote : ainsi, le fétial peut y lancer son javelot en toute quiétude, dans le respect du rite.
Festus fait dériver le terme « fétiaux » de ferire, « frapper », précisément parce qu'ils ont le droit de faire la guerre comme la paix.
Rites des fétiaux en temps de paix, institués par Numa Pompilius
Dans tous les traités, les conditions varient ; la formule de tous est la même. Voici l'acte de cette espèce le plus ancien qui nous ait été transmis. Le fétial, s'adressant à Tullus lui dit : « Roi, m'ordonnes-tu de conclure un traité avec le père patrat du peuple albain ? » Et sur la réponse affirmative, il ajouta : « Je te demande l'herbe sacrée. — Prends-la pure, répliqua Tullus. » Alors le fétial apporta de la citadelle l'herbe pure, et s'adressant de nouveau à Tullus : « Roi, dit-il, me nommes-tu l'interprète de ta volonté royale et de celle du peuple romain des Quirites ? Agrées-tu les vases sacrés, les hommes qui m'accompagnent ? — Oui, répondit le roi, sauf mon droit et celui du peuple romain. » Le fétial était Marcus Valerius : il créa « père patrat » Spurius Fusius, en lui touchant la tête et les cheveux avec la verveine. Le père patrat prêta le serment et sanctionna le traité. Il employa, à cet effet, une longue série de formules consacrées qu'il est inutile de rapporter ici. Ces conditions lues, le fétial reprit : « Écoute, Jupiter, écoute, père patrat du peuple albain ; écoute aussi, peuple albain. Le peuple romain ne violera jamais le premier les conditions et les lois. Les conditions inscrites sur ces tablettes ou sur cette cire viennent de vous être lues, depuis la première jusqu'à la dernière, sans ruse ni mensonge. Elles sont, dès aujourd'hui, bien entendues pour tous. Or, ce ne sera pas le peuple romain qui s'en écartera le premier. S'il arrivait que, par une délibération publique ou d'indignes subterfuges, il les enfreignît le premier, alors, grand Jupiter, frappe le peuple romain comme je vais frapper aujourd'hui ce porc ; et frappe-le avec d'autant plus de rigueur que ta puissance et ta force sont plus grandes. » Il finit là son imprécation, puis frappa le porc avec un caillou. De leur côté, les Albains, par l'organe de leur dictateur et de leurs prêtres, répétèrent les mêmes formules, et prononcèrent le même serment.
Tite-Live
Rites des fétiaux en temps de guerre, institués par Ancus Martius
Le fétial, arrivé sur les frontières du peuple agresseur, se couvre la tête d'un voile de laine et dit : « Écoute, Jupiter ; écoutez, habitants des frontières (et il nomme le peuple auquel elles appartiennent) ; écoute aussi, Justice : je suis le héraut du peuple romain ; je viens chargé par lui d'une mission juste et pieuse ; qu'on ajoute foi à mes paroles. » Il expose ensuite ses griefs ; puis, attestant Jupiter, il continue : « Si moi, le héraut du peuple romain, j'outrage les lois de la justice et de la religion, en demandant la restitution de ces hommes et de ces choses, ne permets pas que je puisse jamais revoir ma patrie. » Cette formule, il la dit en franchissant la frontière, il la dit au premier homme qu'il rencontre, il la dit en entrant dans la ville ennemie, il la dit encore à son arrivée sur la place publique ; mais en faisant de légers changements soit au rythme, soit aux termes du serment. S'il n'obtient pas satisfaction, après trente-trois jours, délai prescrit solennellement, il déclare ainsi la guerre : « Écoute, Jupiter, et toi, Janus Quirinus, et vous tous, dieux du ciel, de la terre et de l'enfer, écoutez : Je vous prends à témoin de l'injustice de ce peuple (et il le nomme) et de son refus de restituer ce qui n'est point à lui. Au reste, les vieillards de ma patrie délibéreront sur les moyens de reconquérir nos droits. »
Le héraut revenait aussitôt à Rome pour qu'on en délibérât, et le roi communiquait immédiatement l'affaire aux sénateurs, à peu près en ces termes : « Les objets, griefs et procès que le Père patrat du peuple romain des Quirites, a redemandés, exposés, débattus auprès du Père patrat et du peuple des Anciens Latins, et desquels il attendait la restitution, la réparation et la solution, n'ont été ni restitués, ni réparés, ni résolus ; dis-moi donc, demandait-il au premier à qui il s'adressait, ce que tu en penses. » Celui-ci répondait alors : « Je pense que, pour faire valoir nos droits, la guerre est juste et légitime ; en conséquence, j'y donne mon plein et entier consentement. » On interrogeait ainsi chacun à son tour, et si la majorité adoptait cet avis, la guerre était décidée.
L'usage était alors que le fétial portât aux frontières du peuple ennemi, un javelot ferré, ou un pieu en cornouiller durci au feu. Là, en présence de trois adultes au moins, il disait : « Puisque les peuples des Anciens Latins ou les citoyens des Anciens Latins ont agi contre le peuple romain des Quirites, et failli envers lui, le peuple romain des Quirites a ordonné la guerre contre les Anciens Latins ; le sénat du peuple romain des Quirites, l'a proposée, décrétée, arrêtée, et moi et le peuple romain, nous la déclarons aux Anciens Latins, peuples et citoyens, et je commence les hostilités. » En disant ces mots, il lançait son javelot sur le territoire ennemi. Telles furent alors les formalités auxquelles on eut recours, dans les réclamations adressées aux Latins, et dans la déclaration de guerre. Cette coutume a depuis été constamment observée.
Tite-Live
